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Mardi 28 Mars 2006
Jeu tue il

Depuis quelques jours (pas l'envie de compter), c'est le printemps, et je rigole bien.
Suis allé avec Seb, Nico, et Jean-Sé, gambader comme quatre garçons dans le vent, hein, dans Paris, lundi. Ma fac est en grève et je prends mon pied. C'est quand même lorsqu'on renverse la tête en arrière (putain, je hais vraiment « Luke » pour m'avoir fourré cette chanson de daube dans la tête, qui surgit à chaque fois que je pense à l'expression « avoir la tête renversée en arrière »), sur un banc du Jardin des Tuileries, en fumant une cigarette, et les jolies parisiennes qui passent, qu'on se dit que la vie vaut vraiment la peine d'être vécue.

Je croise quelques fois Emilie, toujours dans cette rue. Comme aseptisé, je suis. Me suis tellement protégé, avec cette fille. Rapport à Ilke, toujours, hein, si vous avez retenu ce que j'ai écrit la dernière fois. Que finalement, je l'ai perdue, ok. Nostalgie, durant un moment. Mais j'en ai connue une après qui m'a vraiment broyé, alors ce n'est pas la peine de faire du sentimentalisme.
Puis, après m'avoir écrasé les os comme elle pouvait, insidieusement et légèrement, elle est revenue. Cela fait plusieurs jours que Lisa est là, simplement. Je pourrais peut-être même parler en semaines.

Toujours cette sérénité. Mais plus tout à fait la même que la dernière fois. Parce que finalement, je reste, je crois. Passé le sursaut d'orgueil, et l'envie de me barrer en courant loin de ce qui m'a fait tellement mal, l'envie de laisser là tous les « peut-être » et les « on ne sait jamais », l'espoir d'un lendemain sans doute meilleur, l'envie de me détacher, passé tout ça,
il y a eu les yeux ouverts.
Eh, petit con, Lisa est là.
Elle a ouvert les yeux, alors, c'est peut-être à ton tour.
Je suis descendu quelques instants du train en marche dans lequel je venais de monter, et j'ai regardé autour de moi. J'ai juste vu une fille qui reconnaissait ses erreurs, et qui en fait, m'aime, bordel, m'aime. Pas de l'image, pas de l'instantané, pas de la pose érotico-grimesque ; juste une fille qui réalisait.

Alors, pour le moment, on réapprend, en quelque sorte.

C'est dingue, je remarque comme mes écrits ont changé, depuis le début d'ici. Quand je relis, je rencontre des phrases courtes. Tronquées. De l'amertume qui ronge de partout. Justifiée, en même temps.
Là, j'arrive à dire que ça faisait MAL, mal, tu vois tu le dis ptit gars, tu le dis, ça t'a fait mal, MAL.
Sais pas à quoi c'est dû. Les psy diront sans doute que ceci explique cela. Je ne cherche même pas les termes de cette équation à deux inconnues.

Lisa et moi, justement, sommes un peu comme deux inconnus qui nous connaissons, on s'est tellement soustraits l'un à l'autre, elle m'a tellement divisé en petits fragments, que pour le moment, on ne peut que reconstruire en s'additionnant. Ha, la multiplication, pas pour tout de suite, hein. Bande de scabreux. (putain, je suis drôle, c'est dingue)(pour le lincher, appuyez sur la touche étoile)

Pour le moment, je profite des ces vacances improvisées. Manifs, farniente, bouquins, soleil, Paris. Faudrait peut-être que je rajoute au tableau « love », histoire de faire encore plus djeun's cool, gravé dans un arbre, nos deux initiales, love etc, ouais ouais.

De toute façon, j'aime pas les modes d'emplois.
Je préfère me créer le mien propre.
Et puis si quelqu'un a le même qui n'existe pas, tant mieux.

Ecrit par Dezk, à 17:27 dans la rubrique "Actualités".
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Vendredi 17 Mars 2006
L'âge d'or s'éc(r)oule

Quand je disais dernièrement qu'il n'y avait plus rien, ce n'est pas plus rien, avec Lisa. Elle me manquait, parce qu'elle n'était pas toujours là. Pas tout le temps. A croire qu'elle devient miroir de ce que j'ai pu être ; ses failles sont ce que les miennes ont été, ses caprices cruels aussi.

Tu m'as passé les menottes au poignet, ma vieille, mais tu n'as pas encore gagné.
Ha.

Je dis ça, mais je sais bien que ça n'est pas vrai.
Ca fait longtemps qu'elle a remporté le set, match point, là, on ne fait que jouer les prolongations. Les buts en or.
Mais qui ici, sont en ma faveur.

Alors, ces jours, qui sont sans doute les derniers que nous passerons ensemble, ont comme un petit goût de Byzance. Comme si elle aussi, elle savait. Cela fait une semaine qu'elle revient à moi, on inverse les rôles, je ne suis plus le pion et toi la Reine, à croire que là, c'est toi l'odalisque et moi le Dictateur. A la différence que je refuse de lui exploser le cœur pour finir, comme elle a pu faire avec moi.
On le sait, tous les deux. Confusément. Que c'est la fin. Cette… fille - j'aimerais trouver quelque chose pour la désigner, mais arrive pas à l'insulter pourtant, putain, je l'… Ta gueule - (je hais les tirets, bon sang, je hais les tirets), cette fille a joué avec moi, elle a joué tout en m'aimant, je le sais. Et elle, elle s'en rend compte à présent.

Et puis merde, pour une fois dans ma vie, je me sens presque serein.
Peut-être pour ça que je dis plus facilement les choses. Moins d'auto-censure. Moins d'hésitations dans mon écriture. (allez, une petite rime pour faire passer la pilule)

On le sait, tous les deux. Que c'est la fin.
Alors, connement, on se raccroche encore plus fort à ce qui ne sera bientôt plus rien dans quelques semaines, moins peut-être.
Enfin, surtout elle. Moi, je me détache, peu à peu. Doucement.
Elle revient, chaque jour, elle vient me voir. Elle est là.
Et je sens bien, ma petite, que ça n'est pas un sursaut d'orgueil parce que tu sens que je me détache peu à peu. C'est juste que tu te rends compte, comme tu me l'as soufflé tout bas avant-hier, que merde, je m'étais pas rendue compte que je tenais à toi. Il y a encore un mois, ça m'aurait fait mal (« alors avant, tu ne t'en étais jamais aperçue ? ») et donné du plaisir (« tu tiens à moi, en fin de compte ? ») je t'aurais serrée contre moi et je serais resté, j'aurais préféré que tu me broies les os du moment que tu tenais mon poignet dans ta main.
Mais avant-hier, j'ai fermé les yeux, et j'ai entendu résonner sa phrase. Suis resté silencieux.

Resté silencieux, alors elle a ajouté, et je la sentais tellement fragile, pelotonnée contre moi. Ce n'était plus la reine vénéneuse et délicieusement cruelle qu'elle a su être ; c'était simplement Lisa, la fille que j'ai rencontrée, il y a presque 10 mois, la fille fine et forte, virevoltante et simplement belle.

Serrée contre moi, sa bouche qui s'ouvrait, et disait tout ce que j'aurais voulu entendre il y a encore deux semaines.
Ses mots qui trébuchaient.
j'ai mis du temps à m'en rendre compte
Elle sait que je vais m'en aller, parce qu'elle m'a trop blessé. Elle a compris sans que je dise rien.
C'est con…. C'est con, mais tu vas partir, je sais. Chut. Dis rien.
Et je disais rien.

Elle était contre moi, et moi, partagé entre cette sérénité si nouvelle, cet apaisement, parce que j'avais enfin pris une décision indépendante d'elle, j'allais partir,
et de l'autre côté, ses mots si doux, si tristes, sans aucune volonté de me retenir de force à l'intérieur, mais juste la tristesse de s'apercevoir trop tard des choses.

Too late, my dear, it's the last dance.
Un goût de 'derniers jours', à chaque heure qui passe ensemble.

On inverse le cadran, elle essaie de retenir dans ses mains le sable qui fuit.
Lisa est si jolie quand elle fait ça.

Putain, toute cette tendresse.

Tais-toi, pas de nostalgie par avance.
Pour une fois en six mois que je vais me tenir à une décision autonome, du point dc vue sentimental. Ce mot fait tellement guimauve. Sentimental. Mauvaise série B américaine.

Je ne sais pas encore à quel moment la machine à écrire arrivera à bout. Plus d'encre. J'essaierai peut-être de couper dans le vif. Si elle revient trop fort. Je sais, stupidement, et lucidement, que si je me rattache, elle me fera trop de mal. Temps de tirer un trait.
Comme avec Emilie.
Mais cette fois, je le ferai sans ratures.

Sans ratures, j'ai dit, petit con.

SaNs RaTUtureS.


Ecrit par Dezk, à 10:17 dans la rubrique "Actualités".
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Lundi 13 Mars 2006
Bouquet de nerfs.

Ceux qui ont pensé que je m'étais barré en courant n'ont qu'à se taire. Plus d'un mois que j'ai pas écrit ici, ouais, et alors. Et ceux qui ont pensé que je n'étais pas moi, ça me fait rire encore plus. Surtout quand on a pas de nom. Rires.

J'aurais presque envie de parler de Lisa, mais il y a à la fois trop et pas assez à dire sur elle. Elle toujours là, et de plus en plus à moitié. Je tends la main, ma vieille, j'essaie d'attrapper tes cheveux où un pan de ton ombre, mais justement, c'est ça qui fait défaut : le nombre se réduit de deux à un et demi, presque un, presque tout seul.

Il y a eu les plans anti-CPE et ma brève excursion à la Sorbonne. Jean-Sé et Nico m'avaient accompagné ; campement éclair sur les lieux pendant deux jours. On est d'jeuns, hein, manif, éducation, gouvernement et avenir, ça, on s'y connaît, ouais. Bien sûr. Mais pourtant, je dirais que j'y ai un peu cru, quand même.

Pas envie d'écrire maintenant. Je vais marcher, ça m'apaisera. Pourtant je n'ai jamais été aussi calme.
C'est peut-être ça. Il ne se passe plus rien.
En tout cas avec elle.

Son corps me manque.

Ecrit par Dezk, à 15:04 dans la rubrique "Actualités".
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Mardi 07 Février 2006
Vers nulle part

Et quand même, il y a cette putain de souffrance, tout doux, tout doux. Parce que cette fille me pète les veines à force me désaimer quand ça lui chante, parce qu'elle joue à volonté avec l'interrupteur et que j'aurais dû m'en douter, il y a cinq mois.
Je ne me relis pas, je ne relis jamais ce que j'écris, n'oublions pas que je suis un pseudo-intellectuel prétentieux ; mais je me rappelle que j'avais dit d'elle que c'était une fille qui double tout le monde dans la queue, ce qui rend les filles hors d'elles-mêmes, mais avec un si joli sourire que les garçons ne peuvent que la regarder.

Putain, Lisa, Lisa. Où es-tu, là, maintenant, tout de suite ?
Mon frère est venu me voir, l'autre jour, dans mon appart (je ne rajoute pas « pourri d'étudiant fauché », cela va de soi), et elle était là. C'en était presque drôle, de les voir se jeter des coups d'œil, comme ça, de loin en loin. Comme dans les Corps Impatients, que j'ai vu hier, sur arte. (en plus, il regarde Arte, si c'est pas beau, ça) Sauf que je n'ai pas envie de les voir baiser ensemble, si à trois, moi compris. Haha. Quel cynisme.

Alors, entre deux de ses escapades vers un ailleurs que je ne connais pas, sur lequel elle ne met jamais de nom, je m'arrache les yeux pour ne pas voir mon portable, posé sur ma table. Et je m'aperçois comme un con que je ne sais plus marcher seul. Presque. Dire que je croyais m'être sauvegardé une part de moi-même, comme dans ces jeux vidéos pour crétins monomaniaques (si vous ne savez pas ce que ça veut dire, ouvrez votre dictionnaire), bouton Pause, allez, je sauve, on peut continuer jusqu'à la prochaine borne. Là, non, j'ai dû me tromper de manette, la dernière sauvegarde remonte à trop loin, et lorsque je me retourne, la rails pour revenir en arrière s'arrêtent lorsque je veux les emprunter.

Allez, vas-y, pousse vers le Harlequin, crie-le, petit, que tu ne sais plus ce que ça fait de vivre vraiment sans elle, gueule un bon coup, qu'on en finisse, dis-le, tu en crèves de savoir qu'elle n'est pas là et qu'elle reviendra quand elle veut,
et surtout, tu en crèves, de réaliser que tu ne sais même plus faire, que tu ne connais même plus les gestes pour te détacher tant qu'il encore temps, parce que justement, là, il n'est plus temps, tu te brises en chute libre, t'as perdu tes fausses ailes en carton, les fils se cassent la gueule un à un, c'est fini mon vieux, t'es pieds et poings liés, tu le sais trop bien.
Tout juste si l'auto-dérision subsiste, ça pourrait être drôle dans un mélo-rrible, mais là, c'est la vie bien réelle, bétonnée en plein dans la face, tellement palpable que ça en fait mal.

Parce que quand elle là, qu'elle arrive avec son air insolent, et me prend contre elle, me fait tomber sur le lit en riant un peu, avec ses mèches folles autour des yeux, et qu'après, elle se love contre moi, c'est comme si j'avais oublié ma force. Ha. Ma force. On dirait Matamore dans l'Illusion Comique de Corneille, ou, pour ceux qui n'ont pas ces références -à croire que je vous prendrais vraiment pour des cons-, on dirait Hercule roulant des muscles. Ma force.
J'oublie que je la haïssais presque un instant plus tôt.

Ca devient drôle, ouais, parce qu'à la fac, Seb m'a dit qu'il avait entendu trois filles parler de moi, entre deux TDs. A leurs yeux, je suis un « beau mec ténébreux et mystérieux », qui a l'air « vachement intéressant » (dixit une de ces trois Grâces, haha), mais « qui m'intimide trop pour que j'aille lui parler… ». Voilà où mènent les méandres amoureux, à une sublimation involontaire aux yeux des autres : bête de foire, en apparence aigle déchu marqué du sceau de l'originalité parce que, paradoxalement, elle éprouve, comme la cent millionième personne sur Terre, la même douleur presque risible de l'être abandonné qui se sent incapable de surmonter ça. Et là, il faudrait que je crie, pour renforcer le sentiment d'injustice (genre je suis un rebelle) : « mais je n'ai jamais demandé ça ! Remballez vos admirations et désirs à la con ! » Voilà qui parachèverait le tableau grandiose et pré-funèbre du phénomène « si attirant » que je suis en passe de devenir.

Je vois Nico, Jean-Sé et Seb tout à l'heure. C'est dingue comme on change en quelques mois. Seb a quitté sa Parisienne pour une autre, qui s'est déclarée lesbienne après leur première galoche ; elle était jolie, cette fille, et je crois qu'elle l'a été encore plus lorsque après avoir embrassé Seb, elle lui a dit : « Au fait, je suis gay » en souriant. Toujours est-il qu'elle a essayé de l'embarquer dans un truc à trois, ça lui a pas plu, et il s'en est trouvée une autre.
Nico, pour une fois, calme plat. Enfin, la même fille depuis deux mois, ha, clame plat.
Jean-Sé se marre avec toutes les nanas qui lui tournent autour, il profite, que des brillantes dans sa prépa commerciale, « pour une fois qu'on peut parler avant d'embrasser », il me dit, et ça le fait marrer.

Mon petit frère découvre le dessin, le vrai dessin ; c'est dingue, ce gamin a un don, j'en suis quasiment sûr, maintenant. Il a reproduit ma main l'autre jour, bien sûr, avec des maladresses, mais d'une façon impressionnante. Autant mes parents se demandent s'ils ne vont pas le mettre en pension pour ses notes « déshonorantes » (sic) en matières scientifiques -s'ils font ça, je casse tout, ce gosse est déjà assez paumé comme ça, ils vont pas l'arracher à sa bande de potes, à son quartier, ses racines, les repères qu'il prend peu à peu-, autant le prof de dessin lui met 20 à chaque fois, et le prof de lettres -oui, mon frère a un an d'avance- le félicite pour sa « qualité rédactionnelle ». Du coup, mes parents ne savent plus sur quel pied danser, ils ne veulent pas d'un petit Van Gogh dans la maison, et en même temps, « il écrit si bien »… Faudrait savoir.
A tout juste 11 ans, il a une bouille de mini-mon frère (au diable les formulations), avec ses cheveux châtains et ses yeux bleus, et un esprit de mini-Dezk. Je ne sais pas si dois me sentir flatté. Mais j'ai envie de tout faire pour qu'il devienne ce qu'il a envie d'être. Pas de « droit chemin » et d'HEC s'il ne veut pas, et pas non plus de Penninghen ou Beaux Arts à tout prix pour « faire éclore le talent naissant ». Je sortirai peut-être mes griffes, mais je veux que ce bonhomme réussisse ce qu'il entreprend, je veux qu'il trace son propre chemin, celui qui l'anime, là, tout au fond. S'ils essayent de le thermoformer à leurs manières, j'irai les voir, c'est une des seules raisons fondamentales pour lesquelles je suis capable de tirer un trait sur le domaine parental. Parce que même si je ne m'entends pas avec eux, avec leurs manières guindées et leurs aspirations sociales, je garde le « minimum vital relationnel ». « MVR », on dira.

Lorsque je vais le chercher au collège, parfois, le mercredi, et qu'il marche vers moi avec un air tellement heureux, se retenant de courir, je peux pas m'empêcher de sentir comme si j'avais un troisième poumon qui m'était ajouté, une façon de mieux respirer, et un putain de sourire.
Je le prends près de moi, il dit au revoir à ses potes, et leur dit, les yeux tout fiers : « C'est mon frère », ils me regardent tous, des petits sourires impressionnés ou de défi sur leur visage, et puis on part tous les deux, et il est tellement fier, ce gosse.
On marche, il me raconte les idées qui germent dans sa ptite tête, toutes ces choses qui poussent dans l'esprit d'un gamin d'à peine 11 ans. Et je l'emmène au musée Grévin, dans les petites rues de Montmartre, à Barbès dans la foule bigarrée, sur les ponts de Paris, il veut boire du café comme un homme, et c'est ça, la vraie vie, c'est ça, mon vieux petit gosse, plus que le musée de la Marine et au Panthéon les grands hommes, plus que tes cours de biochimie qui te font dormir debout, parce que c'est ça qui te fait sourire comme moi quand j'étais aussi petit que toi, et quand je te vois, je suis tellement fier, moi aussi.

Rien que d'en parler, là, ça me rend déjà plus fort. C'est mon bouclier contre la mesquinerie, ce gamin, avec toute sa fraîcheur qui donne l'impression que je veux tirer les larmes quand j'en parle, mais je m'en fous, parfois je perds mon cynisme et ça fait pas de mal.
Juste ce bonhomme d'1m30, à côté de moi, et les couleurs dans ses mots, et son sourire de The Kid.


Ecrit par Dezk, à 15:27 dans la rubrique "Actualités".
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Lundi 30 Janvier 2006
Do I come back?

Il fallait bien que je revienne un jour, n'est-ce pas, comme dans tous les mauvais romans à suspens.
Clope au bec, le héros monte les quelques marches devant la vieille baraque au milieu du champ de coton. (eh ouais, rien que ça, comme dans Les Raisins de la Colère) Sa silhouette se découpe dans le soleil rouge de fin d'après-midi, ombre noire dont on se perçoit pas le visage, hormis un trait sur les yeux, naturellement.

"-Alors, t'es revenu?
- Ouais."

Et il franchit le seuil.


Sauf que dans le bouquin, ça s'arrête là. Pour ma pomme, no way. J'en sais pas plus que vous, si ça va recommencer ou pas ; ça commençait juste à me manquer.
Sais même plus pourquoi j'ai arrêté. Le début de Lisa, et après. Après? Ha, mystère my dear. (je vais faire mon imbécile : "Oh, une allitération en 'y'!")

Tiens, Lisa, puisque j'en parle… (après l'imbécile, voici l'innocent)
J'aurais envie de mettre un proverbe pour commencer, histoire de vous faire larmoyer un peu : "Y a un début et une fin à tout." Mais je ne pousserai pas la synchronisation "recommencement de l'écriture / fin d'une idylle" jusque là.

C'est vrai, j'oubliais (l'innocent faire son retour) que je m'étais arrêté au 1er septembre. Symbolique, comme date, si on s'amuse à faire les freudiens, mais étant donné que ce n'est parce que je fais de la philo que je suis un futur Freud (désolé Mesdames, fin du mythe du gendre idéal), je dirai qu'en fait, je me fous de savoir quel potentiel astral cette date contient. Ca fera simplement, exactement cinq mois dans deux jours ; je n'ai même pas eu la patience d'attendre une nouvelle date symbolique, histoire de marquer le coup.
Tergiversations sur la date ou comment emmerder tout le monde et faire ronger ses freins à son public.
Bon.
Alors, pour toi public (il se passe la main dans les cheveux), je vais revenir au sujet initial, et le dernier en date que tu aies lu ici : Lisa.

Comme dans tout bon sitcom, on s'est retrouvés sur le pont, sous la pluie. Et surtout sous mon parapluie. Je ne l'écrirai pas ici parce que mon orgueil en prendrait un coup, mais j'étais quand même mort de trouille. C'est pas tous les jours que mon flegme qui n'est pas so british puisque je vous le rappelle, les petites anglaises me trouvent soooo cute frenchy, se démonte d'un coup. Et pourtant ouais. (ben tiens)

Donc, je ferai une ravissante ellipse qui frustrera la curiosité dudit lectorat (s'il existe toujours), et me contenterai de signaler que je suis toujours avec Lisa. C'est ce qu'on appelle, en grammaire, un "sommaire" : l'auteur signale brièvement quelques éléments qu'il ne juge pas importants pour l'action, observant une importante ellipse au sein de sa narration. Voilà pour les incultes qui n'ont jamais fait de poétique des textes. Ha.

Lisa est le genre de fille. J'ai pas d'adjectif.
J'ai envie de me balancer des fleurs et d'écrire : "encore plus déroutante que moi". Allez, c'est écrit, laisse ton bouquet ici. Merci, moi-même. De rien.
Une sale petite tigresse qui aime bien lacérer les gens. Mais toujours si gentiment, avec ce petit sourire si nature, que lorsqu'elle t'embrassera après t'avoir largué une semaine parce qu'elle avait besoin d'air, tu ne pourras que rester là comme un con à te faire déshabiller contre le mur, la porte de ton appart ouverte.
Le genre de fille qui fera ça dans l'entrée de ton appart même si ça fait un mois que vous êtes séparés, et que la fille que comptais b***** (restons polis) par dépit est là, juste à côté, sur ton canapé. Cette fille, cette fille sur le canapé, c'est la première fille avec laquelle j'ai eu envie de jouer mon connard, je te saute et puis salut. D'une certaine manière, Lisa m'a sauvé en me faisant foirer mon coup, puisque l'autre s'est cassée en me traitant d'enfoiré. J'en étais sans doute un, mais visiblement, nous n'avions pas la même perception des choses, puisque selon moi, j'en étais un parce que j'avais juste envie de tirer mon coup pour faire semblant de me consoler, et ne plus la revoir après pour faire semblant d'oublier, et puisque selon elle, ce n'était pas ça qui la dérangeait - au contraire -, mais plutôt le fait de voir une autre fille rappliquer et commencer à me déboucler la ceinture devant elle.
Et moi, naïf, j'ai presque remercié Lisa de m'avoir empêché de devenir un parfait petit con, en en devenant une version encore plus aboutie, puisque je me suis laissé faire dans l'entrée, pendant que l'autre prenait son sac et claquait la porte.

Ca, c'était début janvier.

Conclusion, docteur ?
Je dirai : attention, comme les trains, une fille peut en cacher une autre.

Alors, depuis un mois elle est revenue, habite à moitié chez moi, disparaît un jour ou deux, trouve le moyen de se faire inviter à repas dominical de la famille par mon père venu faire un tour chez moi, et d'y flirter avec mon frère, bref. Celui de 23 ans, pas celui de 10 ans. Haha. J'aime bien prendre mon lectorat pour un distrait. (que je suis magnanime, je dis "distrait").
Ce dimanche-là, des envies de serrer son joli cou entre mes mains, brièvement, et de l'embrasser en l'étouffant. Elle était délicieuse, avec ses petites canines charmantes, son joli pull en V gris sombre et ses longs cheveux bruns, la jeune fille que tous les vieux conservateurs comme mes parents aiment avoir à table. Parce qu'elle arrive avec ses idées et chamboule tout, sans agressivité, alors ils se sentent jeunes, à ce moment-là, s'ébahissant eux-mêmes de leur jeunitude, tellement fascinés par cette présence qu'ils finissent par admettre qu'en fait, les lettres, ce n'est pas si mal, et que l'art, ce n'est pas juste un tableau avec un cadre doré qu'on suspend dans le salon. Ahuris, s'étonnant de se laisser conquérir si facilement par des idées qu'ils auraient qualifiées de "déplacées" si j'avais osé leur brandir sous le nez. La jeune fille tornade de nouveauté, aux convictions si autres, mais de façon tellement fraîche, spontanée et élégante, que, ohoh, uhuh, Philippe, ne sommes-nous pas d'accord ? Elle est charmante, cette petite, bravo mon fils, je ne sais pas où tu l'as trouvée, mais tu as bien de la chance.
J'ai moins aimé quand mon frère m'a dit en riant après avoir bavardé avec elle sur le canapé, elle est craquante, ton amie, si j'étais pas déjà pris, je te la piquerais ! , ce à quoi j'ai répondu, laconique : "c'est pas mon amie, c'est ma copine".

Comme c'est lyrique, n'est-ce pas ? Portrait d'un jeune homme aux prises avec l'existence, deux frères rivaux, une famille aux valeurs presque Pétainienne -un beau néologisme pour la forme-, une petite amie qui aime un peu trop jouer.

Ca commence à m'emmerder, à croire que je m'apitoierai sur mon sort, ça devient misérable. Bordel, où est l'orgueil ?

Alors, je finis par croire que j'ai eu raison de la garder dans un coin, la solitude. Préservée, pliée en quatre dans un coin de ma poche ; je l'avais mise de côté après ce premier septembre, pour la première fois depuis longtemps. Pour voir. Ce que ça fait. Pour essayer de retrouver cet abandon de… allez, je vais le mettre, ça va faire cliché, mais c'est une vérité, alors je m'en fous. Cet abandon de mon premier amour. D'avec Ilke. Seulement son prénom, pas plus, le reste, pour moi. Ca avait duré cinq mois, et c'était la première et la dernière fois que j'ai tout donné. Pas comme avec les autres filles d'avant
Ca y est, je commence à faire de la psychanalyse à deux balles, Freud, salut mon pote, ça faisait longtemps.

Oh, et puis merde.br> Pour une fois, je vais cesser de me railler moi-même. -dernier sursaut de l'ironie : ta gueule-
Je sais pourquoi je tiens tant à ma solitude, à mon indépendance, même lorsque je suis avec une fille. C'est parce Ilke. Parce que je l'ai aimé comme un dingue, à 16 ans (revoilà le Harlequin)(shut up), j'ai tout donné, et tout s'est cassé en plein vol. Elle est partie, sans me dire pourquoi, elle m'a quitté, sans me dire pourquoi, j'ai pas compris, elle ne m'a jamais expliqué, et du jour au lendemain, elle ne me parlait plus dans les couloirs du lycée. Et putain, brisé.

Et là, avec Lisa, j'ai tenté à nouveau. Heureusement, pas entièrement. Presque. Ca y était presque. Puis elle a fait un premier truc. Pas grand-chose, juste un tout petit truc, et je me suis dit que malgré tout, malgré tout ce qu'on sent, tout ce qu'on pense, tout ce qu'on partage, tout ce qu'on se promet, il faut toujours se préserver un peu, parce que les "trucs" comme celui qu'elle a fait, ça blesse toujours un peu, un tout petit peu, mais quand même un peu, dans les débuts. Alors j'ai mis la main dans ma poche, j'ai tâté à l'intérieur, et j'ai vu qu'elle était toujours là, bien planquée mais toujours là, ma solitude amie, et que je pouvais la sortir, de temps en temps. Pour pas trop fusionner avec l'autre.
Petit manuel de survie sentimentale par un étudiant en philo, ça fait classe, hein ?

Je commence à tourner en rond, là, ça devient du racontage intempestif et ça m'agace, alors je vais me taire, et ça ira mieux.

J'vous ai écrit une belle tartine, là. Bien lyrique, en plus.

Alors, pour revenir à ce que je disais au début, je sais pas s'il y aura suite.
Peut-être, et je ne dis pas ça pour entretenir le suspens. J'en sais pas plus que toi, public.


(sourire bright, il ouvre sa chemise, brandit sa chaîne en or et hurle : "Fuck the world, I love extasy, yeah")

Ecrit par Dezk, à 18:02 dans la rubrique "Actualités".
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Jeudi 01 Septembre 2005
Moins une

Il pleut.

Je la vois tout à l'heure. Pas d'heure, comme d'habitude. On se retrouve, on s'attend, se poursuit. Il pleut, ouais. On va pouvoir faire le cliché des amoureux sous un parapluie. Pourquoi j'écris ça, moi. N'importe quoi.

N'empêche, je prends mon parapluie. On verra bien.

C'est ma rentrée. Haha.

'tout à l'heure.

Ecrit par Dezk, à 10:03 dans la rubrique "Actualités".
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Samedi 27 Août 2005
Beep boop a dooh dah

Rentré l’autre jour à trois heures. Ce con de chien de la voisine (et un juron pour votre pomme) m’a fait émerger à 8h ; je méprise ce chien, il est l’incarnation exacte de ce qui me dégoûte sur la terre. Un jappement écumeux ; ça me débecte. Tellement vil qu’il ne vaut même pas la peine que je le haïsse. On perd trop de temps à haïr les gens.

Il y a eu un moment où je suis revenu ici, à Paris, avant de repartir. Pas envie d'écrire pendant deux semaines. Parce que les jours passés, étaient trop présents. Arrière-goût dans la bouche, les journées qui s'évaporent. J'ai repensé à cette fille croisée là-bas, à la plage, et à sa tête sur mon torse, façon Harlequin. C'était curieux, parce qu'on a tellement parlé, tellement dit, tellement écouté, que ça aurait presque pu en tuer le désir, à la fin. Il était deux heures, tous les deux sur la plage, tous seuls, allongés, le ciel juste au-dessus. C'est con, ce que je viens d'écrire. Où qu'on soit, le ciel est au-dessus. J'aurais dû écrire "le ciel juste en-dessous de nous", ç'aurait été mieux. Haha.
Et donc elle a juste posé sa tête sur ma poitrine, blottie contre moi. C'est tout. Mais qu'est-ce que j'étais bien.

Non, c'était pas Lisa. C'était ce qu'on appelle "une rencontre de vacances". Pas un "flirt". D’ailleurs, je trouve cette expression tellement stupide.
Envie d'en parler et envie de taire, allez, je me prends un peu la tête, tergiversations existencielles.
Elle était jolie cette fille sur la plage, sur la grande plage avec peu de monde. Quand on a débarqué, Nico, Seb, sa copine, Jean-Sé, les deux cousins, elle était avec deux de ses copines. Ses copines, dans le genre fashionistas avec la frange dans l'oeil, les lunettes d'aviateurs ultra-modeplutôt bronzées, le maillot hyper échancré et la bouteille d'huile de monoï à côté. Ca me fait plutôt fuir le plus loin possible, ce genre d’attitude. Elle, elle le semblait moins. Cheveux ondulés et châtains qui voltigaient un peu n'importe comment autour de ses épaules, (allez, un joli cliché pour la route), la peau joliment pâle, sans obligation des "marques de mon maillot, wah t’as vu comme je suis dorée", et puis le je-ne-sais-quoi (j'emmerde les tirets, définitivement) qui donne envie de s'asseoir à côté d'une fille tout doucement, et de rester sans rien dire, pour l’écouter respirer.

On s'est retrouvé à parler avec elles trois, je sais plus comment, puis juste tous seuls tous les deux le soir, après qu'on ait tous mangé des pizzas au p'tit machin du coin, de l'autre côté de la route.
Faisait frais, les nuits d’été. Allongés dans le noir, les vagues, oui, ça faisait peut-être série B américaine, mais après tout, on s’en fout. On a parlé, longtemps. C’était tellement simple, elle comprenait. J’en suis venu à parler d’Emilie, puis de Lisa, je ne sais plus par quel biais. C’était un peu comme un psy, étendu sur le sable, mais en bien plus intime. Une compréhension tellement vraie. Au bout d’un moment, je l’ai senti qui grelottait à côté de moi, un tout petit peu. Elle s’est relevée sur le coude, et m’a demandé, tout doucement, si elle pouvait juste se rapprocher de moi, parce qu’elle avait froid. En rigolant presque silencieusement, elle a ajouté : "Mais tu sais, c’est juste parce que j’ai froid. Même si je ne le demanderais pas à n’importe qui sur la plage. " Alors sa tête sur mon torse, et son corps contre le mien, juste sa respiration, et c'est tout.
Je crois qu’on s’est endormis en parlant.

Le lendemain, réveillés par le jour qui pointe, vers 7heures. Les yeux tout petits, et puis tout de suite, ce sourire de connivence, ce truc qui montrait qu’on oubliait pas les heures de tout à l’heure, coude à coude, avec l’espace au-dessus de nos têtes.
Elle est repartie en zigzagant un peu, encore toute emplie de sommeil, vers sa maison ; puis moi vers la mienne. Nico et les autres dormaient. J’ai profité de la solitude, c’était agréable, comme instant. La sensation d’avoir vécu quelque chose "à soi", un moment partagé, mais qu’on garde pour soi, dans la mesure ou les autres personnes qui nous accompagnaient n’en ont rien vécu.

Je survole mes lignes. Tiens, Lisa. Alors.
Juste avant de partir, je l’ai appelée. Ça m’a fait très étrange, sa voix dans cette petite boîte. Pas d’écrit, pas de visuel, juste l’oreille contre la bouche par réseau interposé, à des centaines de mètres de distance. Putain, quelle phrase pompeuse. Bref, c’était limite si j’étais pas comme un gamin étonné, lorsqu’il essaie les trucs, là, vous savez, les deux boîtes de yaourt reliées par un fil. J’y jouais quand j’étais gosse, un vrai trip. Re-bref. J’ai dû avoir l’air con, avec ma voix complètement ahurie : "Lisa ? ", comme si j’étais renversé de l’appeler. Pourtant, je crois bien que je l’étais. Ca y est, voilà qu’il se mue en homo-sapiens avec un air béat devant une nouvelle espèce de massue. Pitoyable.
Je n’aime pas le téléphone, on est obligé de parler, tout le temps. Pas de silences, pas de temps. Les silences téléphoniques sont des blancs. Blanc. Je n’ai pas parlé.

Donc, résultat des courses. Peu de mots, pas besoin de parler plus, le courant passe, et c’est le cas de le dire (haha, quelle bonne blague)(si vous n’avez pas compris, tapez la touche dièse)(la touche dezk, haha. Quel humour à la con, j’arrête là).Donc, oui, peu de mots, pour se rendre à une évidence : on aime aussi peu le téléphone l’un que l’autre, on préfère voir et toucher qu’entendre. Donc, silence radio pour le temps des vacances, décidé d’un commun accord. C’est peut-être con, complètement con (vas-y, balance-leur des "gros mots", comme disent les mômes, ça te fera du bien, n’importe quoi.), mais c’est un mode de survie, peut-être. Absurde de s’appeler durant les vacances, alors que nous ne nous sommes téléphoné qu’une fois, celle-ci, et que, même si on ne l’a pas dit, Lisa et Dezk, c’est un peu un jeu de course-poursuite douce. Je me cache, tu me trouves, tu repars, je te cherche, tu me suis, je te suis, on se rate, on se voit. Alors, rendez-vous le 1er septembre, on s’est dit. Sur le pont.

Sinon. Deuxième année de philo en perspective. On prend les mêmes et on recommence. Ou plutôt on continue, puisque je l’ai eu. Allez, je me fais mon heure de gloire. Assez brillamment. Je dirai pas les chiffres, parce que le monde s’en fout, mais voilà, tartine-étalage de ma fierté. C’est dit.
Retrouverai Seb, Sadie, Elias, Mona, pseudos et vrais prénoms mêlés, allez. Pour Nico, deuxième année de fac de droit, on est glandeur ou on ne l’est pas ; Jean-Sé, prépa commerciale, deuxième année aussi. Time is taking out, yeah… Je sais plus où j’ai entendu ces paroles. Sais même pas ce que ça veut dire.

Le 1er septembre, c’est jeudi. Merde. Quel con. Le jour du début des inscriptions administratives à la fac, et j’ai intérêt à me magner. Bon. Wait and see.
C’est peut-être c** (ooh, voilà qu’il se censure, c’est qu’il est poli, le petit), mais j’en envie de voir sa bouille. A Lisa. Sa bouille, encore, c’est trop "petit". J’ai envie de. J’ai envie de la voir. Voilààà, il se l’est avoué. T’es content, crétin ? Oui, suis content.

Content de la voir.

Ecrit par Dezk, à 16:07 dans la rubrique "Actualités".
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Dimanche 10 Juillet 2005
Cours, petit, cours

Il fallait bien qu'un jour on se rencontre là "pour de vrai".
C'était hier. (C'était hier, et il se rappelait des effluves de son parfum si enivrant qui le hantait encore, et le... Ha, j'aime faire mon auteur Harlequin)

Levé tôt. 7h. Envie de marcher. Alors j'ai fait mon tour. Passé par les quais, as usual, le Musée d'Orsay, avec juste devant cette route à voitures qui gâche tout. Puis encore les quais, les vendeurs d'affiches pitorresques, touristes qui s'extasient, oh my darling, don't you want to buy me this...?, mais seulement à partir de 11h, avant, on dort.

J'avais pris le pliant, fourré dans ma sacoche de faux anarchiste arachnide arachnéen arraché arc-en-ciel, ah non, pas arc-en-ciel, non seulement pour le mot, mais aussi pour les tirets.

Le temps fuit.

             
En avant première pour vous, première photo ici. By me, I and myself. Pour toi public. (je ne me jette pas dans la foule, je suis fatigué et j'ai envie d'écrire).

Et j'ai retrouvé "la Passerelle des Arts", comme ils le disent dans les plans et guides historiques de Paris. Je n'aime pas passerelle. Ca sonne vide, creux, éphémère. Pourtant, "A une passante" de Baudelaire, et un de "mes" poèmes. Je préfère pont. Pont entre les gens. Peut-être parce que je lui ai écrit sur la main. Passerelle, ça se brise. Vas-y que je t'écrase entre mes mains, je te broie, comme des allumettes, ça brûle mais je m'en fous.

En passant devant une quincaillerie, j’hésite à acheter aussi un pliant, pour écrire à mon tour mon message dessus, mais je me suis que ce n'était peut-être pas elle, et que j'en avais un peu assez d'attendre. Enfin, d'attendre de la croiser. Je ne suis pas un impatient ; un impulsif, peut-être. Mais le temps me connaît. Et puis, ça fait un peu cliché, on communique par pliants, et puis après, oh, comme par hasard, on se rate, ils se ratent, plan sur leurs visages désolés, puis soudain, au moment où on s’y attend le moins, ils se cognent dedans, « Oh Dezk ! » « Oh Lisa ! », et les violons qui chantent, tout.

Toujours est-il que j’étais là, à 10h, sur le pont. J’avais vaguement le projet d’y passer un certain temps. Alors, j’ai pris les passants. L’eau. Le pont lui-même. L’étudiant d’jeun’s cool jusqu’au bout des ongles avait même son carnet moleskine spécial musique, avec des portées dedans pour écrire les mélodies qui lui passent par la tête. Quelle classe, n’est-ce pas. Il compose, avec ça. Iiiiiiiiiiiiiiih !
Puis, vers midi, elle est arrivée. (putain, il faut que j’arrête ce style à la con façon roman dix-neuvièmiste, ça m’agace, ça m’agace). Elle marchait en regardant autour d’elle, façon « J’en ai rien à faire d’être là, tout ce qui m’intéresse ce sont les péniches qui passent ».
Et puis, tout naturellement, elle s’est arrêtée devant moi. M’a regardé et m’a souri. Ben oui, tu vois, je suis là et je t’attends, on peut pas faire plus explicite.

Ca l’a fait rire que je sois revenu avec le pliant. « J’avais peur que ce soit pas toi qui l’aie. » Et en même temps, c’était pas grave, a-t-elle dit, si ça pouvait rendre heureux quelqu’un. J’ai pas osé dire que c’est moi que ça a rendu heureux, ça aurait fait trop cliché. Oui, CLICHE, soyons cliché, et puis merde, si cliché il y a, c’est p’t’être parce que c’est universel, et alors. Lalala, les fleurs.

Jolie, avec son même jean fatigué et des tongs. Des tongs par temps de pluie, j’ai pensé. J’ai du le dire tout fort, parce qu’elle m’a répondu : « Ben oui. J’aime bien la pluie sur mes pieds, contrairement à beaucoup de gens. » Elle m’a expliqué que de toute manière, si l’on était sous la pluie, on était mouillé, alors tant qu’à faire, autant se rafraîchir les pieds. Ca m’a fait rigoler. Encore.

En fait, je crois que durant les dix premières minutes, je n’ai pas vraiment réalisé qu’on était là tous les deux, entrain de se parler, sur cette « Passerelle des Arts », en même temps au même endroit. Fini la quête en aveugle, on s’était trouvés, voilà, les violons, les violons s’il vous-plaît… Ils se sont trouvés, et je pleuuuure, je pleure… Chanson d’un inconnu que je ne connais pas.
Alors soudain, je l’ai interrompue au milieu d’une phrase, comme ça, cavalièrement, disent les grands auteurs de romans chevaleresques, et je lui ai demandé son numéro. J’avais pas l’air d’un con.
Mais non. Elle m’a souri, encore, avec ses petites canines délicieuses, le genre de dentition parfaite qui te rend tout chose, non pas parce qu’elle fait peur comme une carnassière, mais parce que tu as envie de l’embrasser, sur les dents, comme Nadja et André Breton. Le baiser sur les dents. Oui, j’ai vaguement eu envie de l’embrasser, fugitivement, l’espace d’une seconde. Mais je ne l’ai pas fait, en fait, je ne sais pas si le voulais vraiment. Ca y est, je deviens une fille, à force d’en avoir fréquenté (ça y est, maintenant, le djeun’s cool est un tombeur habitué de la gente féminine, et un trait de plus au tableau caricatural), je veux quelque chose un instant, et la seconde d’après, woups, disparue, l’envie. Allez-y, lynchez-moi, je ne dirai rien, vous avez raison…

Elle s’est arrêtée au milieu de sa phrase, et elle m’a dit : « C’est bête, j’ai pas mon stylo, aujourd’hui. ». Alors, j’ai baissé la tête vers ma sacoche, et j’ai fait mon étudiant mystérieux avec les mèches noires qui tombent devant les yeux, et évidemment, j’ai trouvé un bic bleu que j’ai dégainé, avec un air-de-rien, comme si le hasard faisait bien les choses. Parce qu’il faisait bien les choses. Je ne savais même pas que je me trimballais un bic bleu dans ma sacoche. Comme quoi, on découvre parfois des objets surprenants (ouais) dans son propre bordel. Car oui, en plus, le bordel, l’étudiant est bordélique, c’est essentiel, le bordel de son sac est à l’image du bordel dans sa tête, en bonne et due forme. Voilà, maintenant, ce sont les Poupées Russes. « C’est le bordel partout, merde ! »

Et donc, notre petit rituel, presque, l’incontournable, en fait. Elle a coincé le capuchon dans sa bouche et m’a pris la main, l’a coincée contre ma poitrine –j’ai bien dit ma poitrine, pas la sienne, ç’aurait été un peu gros– gros, le coup, pas ses seins–, et m’a écrit son numéro. Avant d’écrire le dernier nombre, elle m’a regardé avec un air amusé et m’a dit qu’elle avait presque envie de ne pas le noter, pour rigoler un peu, mais en fait non, elle n’allait pas le faire. Je lui ai demandé pourquoi. « Parce que j’aurais pas la patience ». J’ai feint celui qui ne cherchait pas à comprendre, mais j’avais compris. Hé. Finaud, l’étudiant. (Si je récapitule : guitariste, anarchiste, fumeur, tombeur, cerveau, alcoolo, (vive les rimes) mystérieux, rebelle, énigmatique, et puis ?... J’oubliais : cool.)

On est restés là, appuyés contre la rambarde. Vent dans ses cheveux. Vent partout. Silencieux parfois, sans plus penser à rien. Ce qui est curieux, c’est qu’elle semblait respecter ces moments de silence, de solitude intime et personnelle. Pas le genre de fille à commencer à déblatérer dès qu’un silence s’installe. C’est con, mais j’ai été soulagé. J’avais presque peur, malgré mon impression plutôt agréable des premiers jours, qu’elle parle tout le temps. Malgré les silences, malgré la distance. Peur qu’en plus d’être décidée, d’être une fonceuse (visiblement), elle soit grande gueule. Bah non. Elle sait se taire. Sans être macho, hein. Elle sait, plutôt, rester silencieuse, ne rien dire. (Nooon, « rester silencieux », ça veut dire « ne rien dire » ? Je suis vraiment perspicace, parfois). Multiples facettes, peut-être. Silence, volontaire, avance, contemple, chut, écouter, cigarette, le mot juste, ce sont des mots qui me font penser à elle. Bref.

Je ne suis pas encore menotté à son collier. Indépendance, jusqu’au bout des doigts. Ouais, on y croit. Je l’ai quand même attendue, sur ce pont. Ne te mystifie pas. T’intéresse un minimum, cette fille. Au point d’y consacrer des écrits ici. Et après tout. Et alors.

Je ne sais plus comment on s’est retrouvés assis pendant deux heures à parler, mais je me souviens comment elle s’est levée. « J’ai faim ». Elle a bondi, et est retombée sportivement sur ses pieds, en face de moi. M’a tendu la main. Me suis levé. C’est con, mais le fait d’avoir touché sa peau m’a fait réaliser qu’elle était vraiment là. Que cette poursuite fuis-moi je te suis, suis-moi je te fuis, avait trouvé une suite, enfin, momentanément. Ici, pendant deux heures. Juste ses mots entremêlés aux miens, ses éclats de rire. Et ses yeux, toujours aussi fous.

On s’est séparés au bout du pont. Elle m’a proposé d’aller acheter un truc à manger avec elle vers la rive gauche. Evidemment, comme un con, j’avais rendez-vous avec Nico, Seb et Sadie (ouais, Sadie Frost, bien sûr) dans le Marais à 15h. Rive droite.
Elle m’a accompagné jusqu’à mon bout : « Tiens, voilà ta berge. » Un petit air déçu, peut-être, ou alors j’ai rêvé.
Elle m’a juste mis un petit baiser –qu’est-ce que ça fait con, ‘petit baiser’, mais je crois qu’il n’y a pas d’autre mot– sur le joue gauche, et puis elle s’est écartée, m’a fait un signe de la main. « Tu m’appelles ? ». Dernier regarde jeté, et puis elle s’est retournée, vers le pont.

J’ai descendu les marches, puis je me suis retourné. Curieux de voir comment elle marchait, puisque je ne l’ai jamais vraiment vue marcher. Juste sa silhouette qui se découpait. Point barre. Jolie démarche, souple et nerveuse, avec ce détachement élancé et un peu languide. Puis je me suis dit que je devais pas avoir l’air idiot à la regarder marcher, et j’ai emprunté mon bout de trottoir.

Bon. Voilà.
Ai passé deux heures à parler sans s’arrêter avec elle, et j’ai encore les traces de son numéro sur ma main, malgré ma douche de ce matin. L’ai noté quelque part, quand même.

Ca me fait marrer, comme c’est cousu de fil blanc, tout ça. Ca fait tellement Marc Levy. Même ma façon d’écrire en prend un coup. Je m’auto-fustige moins, phrases plus longues, plus de… récit ? Et puis, on en a rien à foutre, j’écris, c’est tout. Pas d’analyse. Ca évolue, normal. Melting-pot de mots, c’est comme au Boggle, on secoue, ce sont les mêmes lettres, mais pas les mêmes combinaisons à chaque fois. Ouais. Ca court, les mots, ça court.

Alors je vais l’appeler.
Je crois.
Wait and see.
Je pars mercredi avec Nico, Seb, sa copine, Jean-Sé, un cousin et une cousine à lui. Maison dans le midi, farniente pendant une semaine et demie, deux semaines. Dépend de quand rentrent ses parents. Il faudrait peut-être que je le dise à Lisa. Ca y est. Une fille, et c’est le déluge de problèmes. C’est peut-être pour ça que la solitude reste la seule véritable qui m’accompagne. Même si elle sait m’assassiner aussi, dans le dos ou de face. J’en ai trop besoin, trop besoin de me recentrer moi-même, seul, pour mieux aller à l’extérieur. En la quittant, je suis arrivé en avance dans le Marais. Alors, plutôt que d’attendre, j’ai marché. Trop besoin de marcher, aussi. Rester assis durant des heures quelque part, j’ai du mal. Run, run, run, run, run… baby love me too.


Ai de plus en plus de mal avec ce « je ». Du mal, comme si je répétais tout le temps « moi, moi, moi », puisque je parle de moi. Forcément. Même si aussi des autres.
Bref.


J’ai encore son bleu sur la main.







 

 

 

Ecrit par Dezk, à 20:56 dans la rubrique "Actualités".
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Jeudi 07 Juillet 2005
Tempus fugit

Et le temps passe et je ne l'ai toujours pas revue.

Sauf qu'il y a eu un truc à la Amélie Poulain. Je crois qu'elle est suffisamment étrange et follement belle pour faire ça. Je pense que ça doit être son écriture ; les majuscules étaient les mêmes que sur ma main, dans mon souvenir.

Donc, Pont des Arts, hier après-midi. Temps presque pourri, pleuviote ; je déteste ce mot, là, "pleuviote", ça me fait penser à une vieille au nez qui coule, un robinet qui fuit, mais avec de l'eau sale, un bouillon dont on a pas envie lorsqu'on est malade. Bref. Aime pas.
Presque résigné à ne pas la voir ; pas grand-monde sur le pont, du vent, quelques japonais avec les bobs qui s'envolent. Un couple enlacé sur un des bancs, ça me fait sourire, ah, l'amour, on ne se quitte plus... Ravale ton amertume. Passants anonymes, quelques uns, à peine.

Puis là, cette chose folle, cet ovni venu de nulle part, j'ai pas compris, je me demande encore si c'est elle, on verra, on verra.

Juste à mes pieds, à quelques mètres, un siège pliant, blanc. Tout neuf, impossible qu'il n'aie pas été acheté dans les jours qui précèdent. Un pliant, normal, quoi.
Mais la "chose", c'étaient ces lettres écrites au marqueur noir dessus. Ca bavait, forcément, le tissu, c'est absorbant mais pas trop.

" ASSIEDS-TOI LA ET ATTENDS-MOI. SINON AU CAFE "
Voilà, y avait écrit ça. Au début, j'ai rigolé, c'était drôle, poétique, petit cliché pour donner un rendez-vous entre deux amoureux, ah, Paris, les messags, la poésie, la Tour Eiffel, les Tchamps Zelaillzizes, prenez-nous en photos, viens mon coeur, viens-là, rentrons dans l'axe. Puis, neurones qui fonctionnent, ça y est, l'étudiant fait preuve d'un peu de vivacité, montre qu'il a un esprit encore alerte ; le cerveau n'est pas un intermittent de le réflexion, il fonctionne à temps plein. Alors, réfléchis, petit, réfléchis. Qui?
Et je n'ai soudain pensé qu'à elle. Pour écrire quelque chose comme ça. L'écriture m'a dit quelque chose, la façon dont "Café" était écrit, avec toutes les lettres en majuscules, sauf les "e", comme des "e" minuscules, mais en aussi gros que les majuscules.

Et voilà. Ca fait un jour que je me demande si j'ai bien fait de l'emporter avec moi, le pliant. Pour revenir.
Non, parce que je me suis assis dessus, j'ai attendu. Genre, le gamin qui fait son parcours fleché et respecte les indications. J'étais tellement ahuri par ce phénomène de pliant à message, que j'ai pas pensé plus loin, je me suis assis, ça ne pouvait être qu'elle, et j'ai attendu. Pris quelques photos. Deux choses qui m'accompagnent souvent, oui : ma gratte  et mon appareil photo. Le premier qui dit "tof" au lieu de "photo", je le massacre.

Donc, j'ai regardé autour de moi. Parfois, j'essaie de me repasser les dix dernières minutes dans ma tête en accéléré, lorsque je regarde longtemps ce qui se passe aux alentours, depuis le même endroit. Alors, passants qui marchent à toute vitesse, petits pas saccadés, péniches qui foncent à toute allure, pigeons comme des avions supersoniques, feuilles mortes-obus, roulis de l'eau-tapis roulant 9km/h, comme à Montparnasse.

Puis, a commencé à pleuvoir.
Et là, comme un con devant mon pliant : je l'emporte ou pas?
Pris sous mon bras, je suis parti. Avec. Oui, on a compris, c'est bon, te répète pas.



Il est là, juste à côté de moi, avec son message en lettres capitales.
J'irai demain sur le pont.
Si c'était pas elle, tant pis. Ca fera un souvenir. Ca y est, me voilà touriste.

Ecrit par Dezk, à 18:57 dans la rubrique "Actualités".
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Lundi 04 Juillet 2005
Laughing

Il y a des moments où je me sens fondamentalement heureux. Hédonisme pour de bon, j'assume.
Appuyé contre la rembarde de mon appart, au-dessus de la rue. Je mange du chocolat comme un môme, en croquant direct dans la tablette de Noir Dégustation Suprême Intense Truc Je Sais Pas Quoi, sans savoir où en est la fin.
Juste en bas, la rue. Les gens qui passent, voitures et piétons, en vrac, les enseignes lumineuses, le ciel au-bout, sombre d'un côté, encore lumineux de l'autre. Comme deux issues différentes : Black & White, hein. Tchin tchin mon ami, je trinque avec la rue, en tête-à-tête. Juste nous deux, et puis le monde autour.

Je profite.

Tout à l'heure, je marchais dans la rue Notre-Dame des Champs, et y une gosse qui s'est arrêtée dans sa course, paf, tout d'un coup. Elle déboulait d'un coin de rue, en courant à toutes jambes. Et elle a pilé juste devant moi. Elle s'est arrêtée, comme ça, elle regardait droit devant elle. Elle avait ce que j'appelle une frimousse. La gamine de 10 ans sortie d'un bouquin, les nattes, rousse presque carotte, taches de son qui vont avec, le marcel et le short, sandales, et les dents du bonheur, quand elle a souri.
Parce qu'ensuite, après avoir regardé dans le vide une fraction de seconde, elle m'a regardé, elle m'a souri, en écartant tout grand la bouche. C'était tellement spontané, que j'ai rigolé, là, sur mon bout de trottoir, arrêté tout comme elle.  On se serait cru dans un remixe de la Petite Maison dans la Prairie, j'étais Charles Ingals et elle sa fille Laura, manquait plus que la petite soeur qui court derrière et se casse la gueule dans les fleurs, et la mère qui s'évanouit de joie dès qu'elle gagne le premier prix du concours de tartes, c'était la joie.
Non, je dis ça, mais en fait, c'était vraiment la joie. Je me suis senti heureux, mais heureux, j'écris ça maintenant et pourrais me sentir comme un illuminé, mais pas du tout, j'étais heureux d'être là avec cette gosse qui me regardait en souriant.

Ca a duré dix secondes maximum, mais c'était comme une extase. Comme si la petite fille m'avait foutu toute sa joie de vivre dans un gros paquet, et qu'elle me l'avait fourré dans les mains, pour se casser aussitôt.  Parce qu'ensuite, sa mère est arrivée, l'a dépassée avec la poussette contenant un autre gamin, a traversé la rue, l'a appelée. La fille m'a regardé une seconde encore, m'a dit "Salut", et puis elle a couru pour la rejoindre, me plantant là sur mon trottoir.

Ca y est, maintenant on va croire que je suis un Scientologiste halluciné, un pédophile refoulé, un chaman ahuri, un bouddhiste zen qui aime le monde, je sais pas quoi.
Ben non, non. Ca été un peu déclencheur d'un truc, je ne sais pas quoi exactement. Enfin, pour aujourd'hui. Je ne prétends pas que ma vie a été bouleversée. Juste que je suis formidablement bien depuis quelques heures. Détachement vis-à-vis de tout, et envie de serrer le monde entier dans mes bras. Je m'explique. Peu importe que je ne sois pas retourné sur le pont à cause la pluie et que je n'ai pas vu Lisa, peu importe d'avoir encore croisé Emilie de l'autre côté de la rue, de l'avoir vue et qu'elle ne m'ait pas aperçu, peu importe de n'avoir pas envie d'aller chercher mes autres résultats de philo. J'ai envie de marcher tout le temps, comme je l'ai fait tout à l'heure à Saint-Michel, juste pour le bain de foule, adopter la béat-titude (haha, quel excellent jeu de mots)(tu parles), sourire, point barre.

J'ai croisé un pote de lycée à Odéon, il m'a dit : "T'as l'air hyper heureux, ça fait plaisir mon pote de te voir comme ça." Ouais, je lui ai répondu, en fait, je ne savais pas quoi répondre, j'ai du sourire connement, mais j'en avais trop envie.

Et puis voilà, je souris c'est tout.

Ecrit par Dezk, à 23:24 dans la rubrique "Actualités".
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Dimanche 03 Juillet 2005
Errance. Ces titres me font chier, parce qu'il faut toujours en trouver.

Hier, pendaison de crémaillère de Jean-Sé. 30-40 personnes qui défilent entre 20h et 08h du matin. De haut, ça doit donner l’impression d’un fil coloré qui s’agite, du bas de la cage d’escalier au dessous du toit où est son appart. Qu’est-ce que je dis ? Jeunes et cons qui font la fête, alcool obligé, hein, on est libres donc on boit, quelle logique à la con. Et pourtant. J'ai suivi.

J'avais oublié. Presque.
Le parfum d'une fille.
Parce que lorsque j'ai senti ma tête basculer sur le côté, sur l'épaule de la fille inconnue à côté de moi, il y a eu comme. Un blanc. Dans ma tête. 3 h, heure de tous les oublis, j'appelle ça comme ça. A partir de ce moment-là dans la nuit, tout démarre pour moi. Sauf que là, la bouteille m'avait serré la main un peu trop fort. Tu me saoules.
Ma tête a tangué, et j'ai dû la poser quelque part ; c'était l'épaule juste à côté.
La fille était au bord de l'évanouissement ; affiche un sourire béat lorsqu'elle a cru que je faisais ça volontairement. Ouais, le ticket, pas pour toi, ma vieille. Sa main s'est même crue permise de venir caresser mes cheveux dans un geste 'réconfortant'. Failli relever la tête, c'est épileptique, supporte pas qu'on me touche en se trompant d'interprétation.

Pourtant, je l'ai laissée là. Trop curieux de voir, inconsciemment, si j'avais tant oublié que ça. Parfum féminin. Ca ne se décrit pas. Différent pour chacune, et en même temps, il ne trompe pas, on le reconnaît toujours. Voilà, allez, je me fais Patrick Süskind, je suis un Nez, rien d'autre. Détaillons. J'ai envie de foutre tous les clichés des livres :

une odeur suave de musc vint m'effleurer la narine (c'est d'un gore, cet 'effleurement de narine'), dans un parfum ambré mêlé d'orange et de grenat, avec cette saveur sucrée et piquante à la fois, oui, c'était bien cela, cette fragrance divine et entêtante qui m'envoûtait soudain, c'était le parfum si particulier, propre à la femme dans toute sa splendeur.

Voilà, les amateurs de Harlequin sont satisfaits.

A mon tour.
Ma tête comme une loque sur son épaule. Et putain, ça m'a fait ce quelque chose, de sentir son os sous mon oreille. C'est plus cru, hein, comme ça. L'os, parce qu'il y a avait la peau autour, la chair, tout ça, mais ça me paraissait si proche par cet os. Je ne sais pas comment dire. (L’angoisse de la page blanche, c’est ça, après Süskind et les autres, c’est Mallarmé) Je me suis dit : "Je touche une fille". Elle a frémi, c'était presque drôle, tant ça paraissait exagéré et non spontané, genre : "Je frémis pour te montrer que je suis sensible à ton [ndlr : éventuel] charme".
Elle, j’ai même pas vu sa tête, à peine. Tes traits, désolé, tombés dans l’oubli, peut-être que tu rumines encore ces quelques secondes, mais ton visage n’entre pas dans mes anales morphologiques. Au suivant, à la suivante, s’il vous plaît.


Marché seul ce matin. Marché, les pas. Pas avec mon cabas et mon fichu sur la tête, haha. Jolie confusion dominicale.
En rentrant, m’aperçois que j’ai pas vidé mon paquet de clopes, pour une fois. Clopes, ça fait tellement djeun. Plus que cigarette. Mais j’aime bien le mot, cigarette. Ouais, j’ai moins fumé, mais j’ai plus bu. D’où la tête qui s’échoue sur un os inconnu. Ha, j’ai buté sur un os, ha, haha, hahaHA. Envie de partir d’un rire énorme, grotesque, comme pour singer toute cette mascarade de séduction qu’on a parfois les uns envers les autres. Sais plus ce que je dis, mais m’aperçois de toute l’hypocrisie qu’on met en soi, lorsqu’on veut plaire à un autre. Il faut bien qu’il nous voie sous notre meilleur jour. Alors, on fait ci, on fait, je suis étudiant en truc et ma passion c’est ça, ah oui, tu aimes ça, oh moi aussi j’adore, hypocrite juste parce que l’autre nous attire. On ne s’en aperçoit pas, mais on ment toujours. Putain de mensonge.
Et en même temps, c’est comme ça qu’on sauve tant de choses. Imaginez que j’aie dit à ma prof de physique en seconde, amie de ma mère, lorsqu’elle me demandait si j’appréciais ses cours, que non, je ne comprenais rien, qu’elle était complètement anti-pédagogue avec sa tête de thon shooté à la morphine, que ses cours étaient un brouillard monstrueux, et que je n’avais qu’une envie, c’était me casser loin de sa force des cerfs-volants, de son essence de lavande et de ses ions à la con. J’aurais été classé traître familial par mes parents, honte à vie de ma mère, tête-à-tête dans le bureau de mon père, conneries. Déjà que le fait que j’aie fait L, puis philo, leur est resté en travers de la gorge. En fait, c'est déjà fait. Quoi, notre fils n’est pas ingénieur, comptable ou spécialiste en bio-chirurgie neuro-cellulaire ?

Pas comme mon frère de 23 ans, institué espoir de la famille à 12 ans, lorsqu’il a construit une reproduction miniature en maquette de la coupe d’un œuf, pour le cours de bio, sans que la prof lui aie demandé. Et tout le monde de s’extasier sur le blanc, le jaune, oh, on voit tout, qu’il est doué le petit garçon. Et moi, avec mes BDs et mes J’aime lire, je comprenais rien à son œuf et son cordon, ses strates cellulaires et son plasma nourricier. Peut-être pris le contre-pied, je sais pas.
Ni ma sœur, 18 ans, qui se prépare à une brillante carrière d’avocate. Ca, ça fait sérieux.

Le seul dont je me sente vraiment proche, c’est mon petit frère de 10 ans. Lorsque je vois ce gamin prendre ses feutres et dessiner de minuscules personnages auxquels il manque parfois un pied ou quelques doigts, et m’expliquer avec un sérieux monastique et un air enthousiaste que ça, c’est le super héros qui va sauver la terre, parce que l’autre, là, il est ‘machiarvellnique’, tout fier de connaître un nouveau mot de notre langue française, je me surprends à sourire comme un con.
S’il a de la chance, il finira comme moi, cas social dans notre belle famille de scientifiques.
Viens, p’tit, on se cassera tous les deux, et on ira se la jouer Rimbaud-attitude, ça sera drôle.
Faudrait déjà qu’il sache qui est Rimbaud.

Tiens, voilà un aspect de ma vie dévoilé. Je vois déjà le cliché énorme, l’apitoiement sur ce jeune philosophe en quête de mots et d’humanité, banni par sa famille fermée par des œillères braquées sur le monde rationnel. Il se bourre la gueule pour oublier, fume d’un air snob, et s’enivre du parfum des jeunes filles en fleur, tentant de se prendre pour Proust, histoire de rigoler. En plus, il fait du détournement d’esprit de mineurs, en tentant d’apprendre à son jeune frère l’essence même de la beauté de la littérature. Il aime se foutre de la gueule des gens et les imiter pour en prendre le contre-pied, se laisse parfois piéger par ce qu’il n’est pas au point de le devenir à son tour, tout en hurlant qu’il est un déphasé de la société. Manque plus que le drapeau rouge des anarchistes, et le tour est joué, mon vieux. Il erre comme une âme silencieuse sur les quais de la Seine, parce que ça fait plus Parisien, et a une bande de potes mecs, histoire de faire un peu viril.
Voilà : Dezk, le déphasé venu d’autre part, l’homme qui ne se connaissait pas lui-même.
Haha. Quelle misère.
Dire qu’on peut vraiment le penser, en plus. C'est pas vrai, j'aime mes frères et soeurs. En intermittence. Comme le courant alternatif. A mi-temps. Je m'emmerde moi-même, là, à écrire ça.


Oh, ta gueule.

Après tout, j’ai bien le droit de parler de moi-même.
Alors, je retire.

On s’en fout.

Je ne suis pas retourné sur le pont. Pleuvait. Absurde, donc.
Sais pas ce que je veux. Peut-être est-elle une fonceuse de la vie. Ca m’effraie sans doute. Non. Je ne crois pas.
Copie à revoir, hein ?

Ecrit par Dezk, à 14:33 dans la rubrique "Actualités".
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Jeudi 30 Juin 2005
Frappez, mon cher, avant d'entrer

Il a fallu que j'attende longtemps. Enfin, pas vraiment. Puisque je n'y suis allé qu'hier, mercredi, sur ce pont. Alors. C'est elle, plutôt.

Entrevue. A peine.
Hier, 10h, en tailleur sur le pont. Je savoure l'instant immobile. Plaisirs futiles, gestes faciles. Cigarette et guitare, image silencieuse du fêtard. Rimes ineptes, mais j'aime, ça me plaît.

Lundi et mardi, trop pris. Déménagement de Jean-Sé, pour un studio, un vrai, enfin. Il a attendu, longtemps. Ironie de la dépendance financière, à l'âge où l'on emmerde le monde, parfois, si l'on est un "vrai" jeune. N'importe quoi. Bref, toujours est-il que les après-midis passés à entasser cartons remplis de bouquins, de CDs et de fringues, et meubles ikéa, se transforment en soirées jusqu'au petit matin. Passe-moi la bouteille, on verra après. Ouais. Quatre garçons dans le vent, hein. Ouais. (bis)(j'aime me répéter) Quatre célibataires, enfin non, trois, puisque Seb a rencontré une Parisienne samedi dernier. L'archétype de la parisienne, il a dit. Ca le fait rire. Jolie fashionista, juste pour rire, ils le savent bien tous les deux. Ca ne durera pas, il l'a encore dit. Je n'ai rien dit mais n'en pense pas moins. On dit ça, et puis on se retrouve enchaîné comme un con, sans s'en rendre compte, du jour au lendemain. Et souvent, c'est trop tard, parce que le temps qu'on s'en aperçoive, elle en a eu assez, et elle est partie.
Putain, je rumine déjà à mon âge. Haha. Si jeune et déjà vieux, comme disait mon grand-père. Voilà, ça y est, je cite un 3ème âge. Pourtant, je l'aimais bien celui-là. Mais ils peuvent pas tous rester.
C'est con. Mais c'est comme ça. Et pourtant.

Alors, la nuit tout autour, et nous dans le studio minuscule rempli à craquer de cartons. Lessivés. Clope au bec, canette à la main, affalés sur le sol, la tête en arrière. Quelle belle image d'Epinal. Hm, il faudrait que je crie : "La tête en arrière, Soledaaaaaad", pour coller à l'air du temps. Luke, ce petit groupe de djeun's tellement djeun's, "qui s'est engouffré dans la brèche laissée par Noir Désir", dixit les médias. Seulement, Noir Des', comme le disent les fans qui se croient tout permis et qui m'agacent, n'est pas mort. Jamais. J'aime trop leurs textes pour les oublier et les laisser être remplacés par un groupe qui saute et gueule : "Je suis un marginal, je ne colle pas à la so-cié-tééééééé". M'énerve. Fuck.

Qu'est-ce que j'aime fumer. C'est mal, je sais, bad boy, ouais, ouh. Tu fumes, tu vas mourir, cancer. Oui, je sais. Le père d'un ami est mort d'un cancer. Je sais ce que cest que de voir quelqu'un mourir à petit feu à côté de soi. Lentement. Pernicieusement. Mais sans pouvoir s'arracher à l'emprise de la nicotine.
Il
disait : "C'est pas la dernière, c'est juste une pour m'aider à tenir." A tenir quoi? Mieux tenir la mort à deux mains, hein? Qu'est-ce que je lui en ai voulu d'avoir crevé. D'avoir détruit sa famille, mon ami, mon pote. Nico effondré. C'est peut-être pour ça qu'il a tant besoin de voir son reflet dans les yeux des autres. Vérification : m'aimez-vous? Puisque mon père est mort, c'est comme s'il avait plus aimé la clope et la mort que moi, alors m'aimez-vous? Test perpétuel, quête sans fin.

M'aimez-vous?

Elle aimait me dire ça en riant. Penchée sur moi, ses cheveux châtains, en boucles légères. Cascade sur ses épaules, cliché magnifique. Mais c'était si réel. Je pouvais tendre la main et la toucher. Là. Je pouvais empoigner ses cheveux soudainement, comme si j'étais en colère, et poser sa tête sur ma poitrine, si doucement l’instant d’après. Image filmique, ils s'aimèrent et eurent beaucoup d'enfants.
Ne plus y penser.
Son image qui fuit peu à peu de moi.
Elle est en fuite.
Et moi je fuis de partout, ma maison interne craque, fissures, elle m’échappe, elle m’échappe. Tu pars, Emilie, tu pars et je ne le veux pas. Je me disais ça, les derniers jours. Quel imbécile.
J’aimerais pouvoir m’apitoyer suffisamment sur moi-même pour m’autoriser, pour me laisser, non, oui, m’autoriser, il faut que je le dise, il faut que j’admette… il faut que j’admette que je peux souffrir. Ca me racle la gorge et je me tue l’orgueil, mais il faut. J’aimerais m’autoriser totalement à me laisser aller totalement, je, non. Stupide, cesse de te lamenter, bordel, avance, avance, oublie. Ferme les yeux et efface d’un trait, net, propre. Putain de ratures.
Je l’aimais.
Vas-y, Anna Galvada.

Alors, l’image de l’autre que j’essaie de mettre là, devant mes pupilles. Tu changes de crack, hein, mon petit, ou ta solitude ou la fille, mais tu ne peux pas choisir, alors tu essaies de concilier les deux, et ça ne marche jamais. T’as trop d’orgueil, de volonté pour ça. Petit con, tu te casses ta propre vie, et tu le sais très bien. Je le sais. J’ai toujours cassé peu à peu ce qui m’entourait, avec les filles.
On ne m’a pas appris à aimer.
A donner.
Maintenant, Lara Fabian pour vous. Ha.
Allez-y, sortez les violons. Sérénade de Tchaïkovsky, je connais peu de pièces, mais je les connais bien. Jouez, jouez. Vous chantiez ? Eh bien, dansez, maintenant.
Danse avec moi, Emilie. Juste une dernière danse. Juste.
Tais-toi.

On ne m’a pas appris à faire part de mes sensations à la personne désirée, on ne m’a appris à lui dire, lui expliquer toute la vérité. Je m’étonne moi-même de le faire ici. Je suis un monde de silence, c’est pour ça que je fais tant de mal. Et que je fais si mal. C’est pour ça que les filles s’accrochent sans comprendre, c’est parce que je n’explique pas. C’est pour ça qu’elle a eu si mal, c’est moi, rien que moi, quel crétin, je lui ai broyé tout, tout sur mon passage. C’était si beau, au début, et j’ai tout foutu en l’air. Les larmes comme des cailloux qui percent les yeux. J’admets pas, non, j’admets pas.
Je n’ai pas appris à admettre. Trop d’orgueil, toujours.
Je ne lui ai pas dit ce besoin de solitude, et comme je ne l’ai pas dit, elle n’a pas pris la peine de comprendre. Peut-être une autre fille aurait-elle compris. Emilie était une fille à demi-mot, mais pas tout à fait assez pour tout percevoir. Elle percevait le demi-mot charmant, qui fait du bien. Pas le demi-mot blessant, le demi-mot qui écrase, le demi-mot-ssade. Haha. Je fais des jeux de mots, maintenant. On ne badine pas avec l’amour, hein ?


Je m’éloigne.
Du pont.
Parce que j’y étais, hier. 10h, donc.
Vers midi, une silhouette de plus, elle était là. Cheveux fluides et bruns. Perles de bois qui pendent devant mes yeux, des seins derrière. C’est pas moi, m’sieur. C’est elle, elle s’est penchée : « Salut ».
Elle ne fait que passer, dit-elle, pour vérifier si c’était bien celui-là. Parce qu’elle n’est pas venue tout de suite ici. « D’abord le Pont Neuf, me dit-elle, parce qu’on peut peut-être y créer justement des trucs neufs. Ouais, c’est nul, mais j’y ai pensé en premier. »
Quelques secondes, elle est pressée, un des trois acolytes qui l’accompagnait à la fête de la musique l’attend, ajoute-t-elle encore.
Et là, je sors un truc complètement incontrôlé, je ne sais pas comment : « C’est ton amoureux ? », avec un petit ton plaisantin. Je sais pas ce qui m’a pris.

Elle m’a soudain regardé, et a répondu, mi-sérieuse, mi-riante, que non, c’était un ami, c’est tout.
M’a demandé si je comptais revenir au café. « A moins que tu trouves que le yaourt soit périmé. » J’ai tout de suite compris. Cette fille a une répartie incroyable. La plus dingue que j’aie jamais entendue. Du coup, je me sens stupide, à me dire intérieurement : « Quelle répartie formidable ». Alors, je la regarde, et mes neurones font ‘crouiiiiic’ lorsqu’elles fonctionnent, si lentement.
Elle doit peut-être croire que je suis un être mystérieux, contemplatif et pensif. Ouais. Tableau à revoir. Tout ceci n’est qu’ébauche.

C’était étrange, de la voir pressée. Différent.
Différent de quoi. Des deux fois où tu l’as vue ?
Pas eu le temps de parler.

Elle a murmuré un « désolé » et m’a embrassé sur la joue, juste sur la gauche. C’est la joue que je préfère, je ne sais pas pourquoi. Je sens plus de choses par là. Enigme interne, une de plus. Quoique, l’épiderme, c’est externe. Oh, qu’est-ce qu’on s’en fout.

« A plus ». Ca m’a fait penser au journal de Georgia Nicholson, que ma cousine lisait, petite. Moi, je gardais mon panache, je lisais par-dessus son épaule en disant « Qu’est-ce que c’est con ». Oui. Mais je me marrais bien tout seul. Alors, à plus, au sens à plus, ou à plus ? Pitoyable.
Mon pont ou ton café, on a cherché tous les deux, on est quitte.

Si on est aussi orgueilleux l’un que l’autre, personne n’avancera.
Chacun sa tour de verre, Lisa.
N’empêche, haha, quel excellent jeu de mots, il faut peut-être… briser la glace. Quelle chute superbe. D’un mauvais extravagant.

Je me répare, on dirait.

Ah, au fait, j’ai eu 15, 75 en socio. Voilà, cliché de l’étudiant je-m’en-foutiste (je m’étais promis de ne plus utiliser ces tirets)(je faillis à mes promesses, bien, évidemment, pour parfaire le tout) qui réussit finger in the nose. Hands in the pocket. Ouais, je préfère ‘finger in the nose’. Ca fait encore plus je m’en foutiste. N’empêche, sans les tirets, c’est moins bien.
Mais c’est la seule note que j’ai eue. Les autres à voir. On va rire. Ma seigneurie va se gausser.

Envie d’aspire la fumée, et de sentir l’embout qui grésille. Point rouge.

Elle fumait élégamment, l’autre jour. En même temps, un peu comme un mec. Ca lui allait bien. Complètement d’ailleurs.

Emilie fumait peu, c’était du snobisme.
Après tout, on fume par snobisme. On vit par snobisme, voilà, j’assène cette phrase prophétique, pour choquer la petite population, j’suis snob, merci Boris, j’suis snob, j’m’appelle Robert mais on dit Bob.

Jean Cocteau (référence intello-libertaire-de-gauche, ça y est, je suis en plus de tout ça classifié bobo baba and co, maintenant) ne disait-il pas : Vivre comme tout le monde en étant comme personne ?

Haha. Connerie.
C’est plutôt vivre comme tout le monde en étant basé sur le même modèle que tout le monde. Fondamentalement. Qu’on le veuille ou non. Ensuite, on rajoute ses propres trucs par dessus, et on ese façonne son propre modèle. Structure en bois, industrielle, et après, il y en qui la laissent comme ça, d’autres qui se font installer, jacuzzi, hippodrome et terrain de golf, d’autres qui foutent des guirlandes et des fleurs, d’autres qui creusent des trous dans les murs, d’autres qui refont tout avec le même bois.
Mais ouais, c’est avec le même bois. Même schéma.

Celui qui crie « Je ne suis comme personne », à l’instant où il fait ça, il vient de le faire, comme dix millions de personnes avant lui. Comme tout le monde, mon vieux, en cette seconde.

On y croit toujours.
Elle était pas comme tout le monde.

Il a bien dit « Parce que c’était lui, parce que c’était moi », le vieux, hein ?
Parce que c’était elle.
Tais toi.

Ecrit par Dezk, à 23:56 dans la rubrique "Actualités".
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