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Me (ah bon)
Diapason

La fête de la musique bientôt, tout à l'heure. Dans la rue, juste en bas. Je descendrai et fendrai la foule qui explose sa liesse, partout, joie qui grimpe jusqu'en haut des murs. Ma guitare sur le dos.

On m'a persuadé de ne pas m'offrir à la solitude, ce soir. De ne pas me laisser enlacer par ses bras tentateurs. Je ne respirerai son souffle au goût d'absinthe, non, pas ce soir.
Alors, puisqu'il faut bien parfois dire oui, j'irai. Nico m'a dit : "Prends ta gratte, on va nulle part." C'est le genre d'invitations qui me font envie. Plus que "On va écouter X à l'endroit Z de telle à telle heure, puis on se ballade dans le quartier W, et si on tombe sur K, c'est cool." Je n'aime pas les parcours tracés. Les balises qui organisent. Je préfère me donner au vertige qui dirige, aux pas qui portent, aux portes qui passent.

J'entends déjà la rumeur depuis ma fenêtre. J'aime Odéon. Un des quartiers les plus fourmillants de Paris, en ce jour d'été. Poésie, "en ce jour d'été", oh, il ne me manquerait plus que ma lyre, et une petite toge. Crétin.

Je vais faire mon Orphée avec ma guitare, comme d'habtitude. Sauf que là, Eurydice s'est déjà cassée. Haha. Excellente métaphore... Triste.
Et Caron, Pluton, Proserpine et leurs accolytes ne me la rendront pas. Puisque l'Enfer, c'est moi qui le dirige, j'y suis déjà.

Mmmh... J'ai comme des envies de chanter en anglais, avec mon accent pourri de petit parisien, "sooooo charming", selon les petites anglaises qui me demandent leur chemin, en été. C'est si drôle de les voir s'extasier sur ma tête, lorsque je fais semblant de galérer pour aligner deux mots corrects. Elles ouvrent la bouche, comme si ça pouvait m'aider à mieux parler, et puis, à la fin, elles agitent les mains, peut-être refoulent-elles leur envie d'applaudir. Ensuite, elles essayent à leur tour de parler français : "Owh, tu êtes very craquing, oh, comment on ditre, tu êtes trwès cwraquant! So cuuuuuuute!", et enfin, pour parachever tout ça, elles parlent un anglais ultra-simplifié, pour se faire comprendre : "You speak good English!"

Well.

Wall.
Mur.
Encore un mur où se cogner.
J'ai parfois des envies.
De la taper, ma tête, tout contre.
Pour sortir son image.

Stop.
J'arrête.
Ne plus penser.

Je respire.

Je la croiserai peut-être. Je ne sais jamais comment faire. Je me promets de ne pas la regarder, et je me retrouver à me dévisser le cou sur le trottoir d'en face, avec les bras qui me démangent, comme s'ils me hurlaient : "Lève-nous, ducons, agite nous, et crie son nom, bordel, bouge!" et me jambes qui trépignent : "Cours! Cours après elle! Rampe!"
Je ne ramperai pas.
Putain d'orgueil.

Je l'...                               Tellement.
Non.

Sometimes, I would like to be a shadow, to follow her everywhere.


Alors, dans dix minutes, je serai en bas. Le djeun's cool fait son grand retour. Tiens, je vais mettre mon jean très usé, celui qui fait "J'ai vécu la vie", on va rire. Et puis, oh non, quand même pas... Des Converses, le summum du "in". Tiens, mes vieilles converses -de cuir, oui, je ne fais pas comme tout le monde, haha-, toutes patinées à force d'être portées. C'est drôle, je les avais achetées pour me foutre de la gueule du monde, pour montrer à quel point c'était ridicule, cet engouement soudain pour ces chaussures de clown, cette libération du pied, ce je-ne-sais-quoi qui l'emprisonnait plus qu'autre chose dans le diktat de la mode, dans une étoffe de toile par moins cinq degrés sous la neige, avec une semelle plate pour faire du sport et se niquer les pieds tout en étant fashion, bref, le comble du chic destroy.
Et maintenant, je les porte tout le temps. Parce que je n'y pense plus. Je ne pense pas à la façon dont je m'habille.
Alors, on peut dire qu'elles m'ont eues. Peut-être.
Comme quoi.

Je me souviens du dernier baiser que j'ai donné, c'était dans un bar, dans lequel Nico et d'autres potes m'avaient traîné (voilà, encore deux choses qui font teeeeellement jeune : "bar", "potes").
Non, eh, oh, je ne l'ai pas donné. On me l'a pris. Nuance. Il n'y a qu'une seule personne à qui je... Arrête. N'y pense plus.

Donc. C'était une fille qui tenait absolument à me faire la conservation depuis le début de la soirée.
Attention. Qu'on aille pas croire que je ne suis pas sociable. Que Mépris est mon deuxième prénom. J'emmerde le monde, c'est tout. Haha! Mais non, n'importe quoi. J'emmerde ceux qui m'ennuient. Quoi de plus normal. Les autres, je m'ouvre. Pas toujours, mais oui.
Là, en l'occurence, c'était un magnifique cas de "Tiens, et si je jouais ma sangsue avec ce type qui me plaît?". Donc, déduction : "J'em***** ceux qui m'ennuient". (je vous passe l'expression vulgaire, épargnons notre langage)

Et voilà, reprenons le fil, assocation d'idées : elle fantasmait sur les mecs à Converses. "Tu vois, pour moi, c'est un peu la marque des mecs cool, intéressants, et tout, tu vois?" Non, je ne vois rien, tu me bouches la vue, j'avais envie de répondre. Et elle continuait. "Y a un peu le côté 'artiste maudit', que j'adore, et que tu as complètement, tu y corresponds, tu vois, cet aspect mystérieux... Tu vois, les cheveux noirs, l'air ailleurs, c'est fascinant!" Ah ouais. Elle déblatérait tellement sur mon aspect fascinant et formidable que j'en ai conclu une chose : je n'arriverai pas à m'en débarrasser avant la fin de la soirée.
Alors, je me suis pris au jeu. J'ai joué le poète maudit. Le mec-mystérieux-qui-fascine. Alors qu'elle me gonflait formidablement. Juste parce que je savais très bien qu'elle ne décollerait pas. Et je me suis amusé comme un petit fou.

"Oh, au fait, (elle minaude), je ne connais même pas ton prénom, monsieur le mystérieux!"
Descendant de ma sphère, je me suis départi un instant de mon air brumeux et concentré, et j'ai tourné brusquement la tête vers elle. Genre feuilleton américain. Elle est resté bouche bée que je la regarde.
"Dezk. Appelle-moi Dezk."
C'était tellement ridicule que j'ai failli lui éclater de rire au nez.
Elle m'a regardée en ouvrant la bouche (décidément), et m'a dit : "Moi, c'est Charlène. Mais tu peux m'appeler Charly si tu veux."
"Ok Charly, je t'offre un verre pour fêter ça."
J'ai pris mon air viril, et j'ai commandé deux tequilas.

Enchaînement de clichés pendant trois-quatre heures, ça vous tue un homme. Et pourtant, j'y ai survécu. Elle semblait de plus en plus fascinée au fur et à mesure que je multipliais les phrases énormes. Mais en fait, je n'ai que très peu parlé. J'étais assez laconique, en fait. Disons que n'importe quelle fille un peu censée aurait compris au bout de trente secondes que je me fichais royalement de sa pomme. Mais elle, non. Il y a des gens, comme ça, parfois.

C'est triste, mais vrai. Alors, je ne l'ai pas fait rêver, pas du tout. Mais c'est elle qui a rêvé toute seule.
Evidemment, c'est resté entre nous deux. Je n'aurais jamais pu le faire devant d'autres. Je ne supporte pas d'humilier les gens en public. (ça y est, je fais mon mea culpa, le cool man se transforme en saint qui demande absolution)

Et après tout, shit, je fais ce que je veux ici.
Voilà, je m'auto-proclame dictateur de ce lieu.
J'ai raison sur tout.
A partir de maintenant.

Allez, je crie : EGOCENTRISME.

(je crie, j'ai l'air menaçant, vous avez peur)

A la fin de la soirée -enfin, à la fin de la nuit-, j'avais réussi à m'en débarasser, elle m'avait retrouvé,  je l'avais à nouveau semée avec un air très profond, et elle m'avait à nouveau harponné. Lorsque Nico m'a fait un grand signe pour me donner le signal du départ (genre "Je te sauve de la sangsue, on va ailleurs"), je me suis tourné vers elle, et j'ai dit : "Adieu, je vais relire Baudelaire." Elle devait être suffisamment allumée pour n'avoir rien compris, et elle s'est approchée avec un air assez aguicheur (genre "Je tends mes lèvres de poulpe en avant"), et m'a dit : "Oh, attends, je ne veux pas oublier ça."
Elle s'est tendue sur la pointe des pieds (elle devait faire 1m60, mais je n'ai rien contre les petit(e)s, au contraire, Emilie était. Tais-toi.), et m'a collé un smoutch qu'elle voulait sans doute aérien sur les lèvres. Je n'ai pas bougé.
Elle a dû croire que j'étais encore en train de penser, à elle peut-être, que j'étais ému, que je composais un poème à lui réciter, que je prenais mon élan pour lui chanter de manière lyrique qu'elle était la femme de ma vie, ou je ne sais quoi.
Je me concentrais pour contrôler mon haut-le-coeur.

Quoi de plus terrible que d'être embrassé par une fille que l'on ne désire pas.
Ce n'est pas un mépris, non.

C'est juste quelque chose de physique chez moi. Depuis des années, à chaque fois que j'ai embrassé une fille que je désirais pas, j'ai mon estomac qui se soulève. C'est purement physique. Ma libido (oh, quel grand mot, on dirait Freud) dit oui, mais mon corps dit non. C'est épidermique. Je ne supporte pas. Même si je la désire peut-être sur l'instant. Mais mon coeur ne veut pas. Il. Ne.

Je ne sais plus pourquoi je parlais de cela. J'ai oublié.
J'ai Tou-Toublié, quand tu m'aaaaash, oubliiiiiiii-ééééé...
Mine de rien, c'est vrai. J'aime comme la mémoire plus courte,
J'ai la mémoire qui flan-cheu, j'me souviens plus très bieeeeen...
depuis qu'elle m'a rayé de son esprit.
°J'arrête le disc-jockey°
La mémoire encombrée d'elle. Mes neurones s'entrelacent à son ombre. Mes tympans résonnent d'elle. Ma langue se rappelle ses mots. Ses lèvres, aussi. C'était doux.

C'était doux. Huit mois. On aurait presque pu arriver à la fin de l'année. Ha. Que c'est pitoyable, ces repères dans le temps. "C'est nos cinq mois". L'amour, ça ne se compte pas en temps. Ca se compte en intensité. En temps, si, quand même. Mais il n'y a pas de baromètre temporel, d'échelle de Richter. C'est. Quelque chose de. Trop grand pour le dire.

J'aimerais parfois avoir des dents aux paupières, pour me les mordre, et empêcher l'eau salée de couler.


Je vais sortir.
La rumeur de la foule a déjà amplifié.

Je vais sortir.

Paris, je viens te voir tout à l'heure.







Ecrit par Dezk, à 19:58 dans la rubrique "Actualités".

Commentaires :

  MangakaDine
MangakaDine
21-06-05
à 20:49

Tiens, croisement de sujet, moi aussi je parlais de baisers dans mon dernier article.
C'est bizarre, la façon dont je vois ça...un peu pareil que toi, mais en nettement plus exagéré...
Je sais pas...j'ai baucoup plus de problème à embrasser quelqu'un sur la bouche, qu'à faire le reste (oh non, ça y est, je vais encore raconter ma vie...c'est lassant à la fin) (je m'excuse à l'avance)....un baiser, c'est sacré. D'ailleurs, avec mon Ex, mon "grand amour" entre de gros guillemets, on fait fait beaucoup de choses avant d'avoir envie de s'embrasser. Je n'arrive pas à concevoir en mon fort intérieur que le baiser est la première étape, le moyen de se rapprocher. Pour moi, il vient après certaines choses parce que... je peux aimer le contact physique aisément, il suffirait presque d'en avoir simplement envie. Mais un bisou....si je n'aime pas entièrement la personne, me laisse un arrière goût....
...de dégoût, justement.


  Dezk
Dezk
22-06-05
à 18:08

Re:

Intimité d'un baiser, oui. Après tout, je ne veux pas jouer mon vulgaire, mais dans 'baiser', il y a 'baiser'. Enfin, you see what I mean.
Echange des corps, de reconnaissance, peut-être. En fait, psychologiquement, je sacralise peut-être moins que toi, mais j'ai la même répulsion physique.

Mais un frôlement des peaux peut-être encore plus beau.
Et on automatise tellement cela, maintenant, qu'on oublie tout ce qu'il a d'autre que le baiser. Les infimes gestes de "à deux", c'est peut-être ça le plus... le plus, quoi.


  Mélie
21-06-05
à 22:31

Magnifique. J'aime.

(Je peux te lier, s'il te plaît ?...)


  Dezk
Dezk
22-06-05
à 18:08

Re:

Oui, tu peux, dans ma bonté magnanime, je t'y autorise. Héhé.



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