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Me (ah bon)
Errance. Ces titres me font chier, parce qu'il faut toujours en trouver.

Hier, pendaison de crémaillère de Jean-Sé. 30-40 personnes qui défilent entre 20h et 08h du matin. De haut, ça doit donner l’impression d’un fil coloré qui s’agite, du bas de la cage d’escalier au dessous du toit où est son appart. Qu’est-ce que je dis ? Jeunes et cons qui font la fête, alcool obligé, hein, on est libres donc on boit, quelle logique à la con. Et pourtant. J'ai suivi.

J'avais oublié. Presque.
Le parfum d'une fille.
Parce que lorsque j'ai senti ma tête basculer sur le côté, sur l'épaule de la fille inconnue à côté de moi, il y a eu comme. Un blanc. Dans ma tête. 3 h, heure de tous les oublis, j'appelle ça comme ça. A partir de ce moment-là dans la nuit, tout démarre pour moi. Sauf que là, la bouteille m'avait serré la main un peu trop fort. Tu me saoules.
Ma tête a tangué, et j'ai dû la poser quelque part ; c'était l'épaule juste à côté.
La fille était au bord de l'évanouissement ; affiche un sourire béat lorsqu'elle a cru que je faisais ça volontairement. Ouais, le ticket, pas pour toi, ma vieille. Sa main s'est même crue permise de venir caresser mes cheveux dans un geste 'réconfortant'. Failli relever la tête, c'est épileptique, supporte pas qu'on me touche en se trompant d'interprétation.

Pourtant, je l'ai laissée là. Trop curieux de voir, inconsciemment, si j'avais tant oublié que ça. Parfum féminin. Ca ne se décrit pas. Différent pour chacune, et en même temps, il ne trompe pas, on le reconnaît toujours. Voilà, allez, je me fais Patrick Süskind, je suis un Nez, rien d'autre. Détaillons. J'ai envie de foutre tous les clichés des livres :

une odeur suave de musc vint m'effleurer la narine (c'est d'un gore, cet 'effleurement de narine'), dans un parfum ambré mêlé d'orange et de grenat, avec cette saveur sucrée et piquante à la fois, oui, c'était bien cela, cette fragrance divine et entêtante qui m'envoûtait soudain, c'était le parfum si particulier, propre à la femme dans toute sa splendeur.

Voilà, les amateurs de Harlequin sont satisfaits.

A mon tour.
Ma tête comme une loque sur son épaule. Et putain, ça m'a fait ce quelque chose, de sentir son os sous mon oreille. C'est plus cru, hein, comme ça. L'os, parce qu'il y a avait la peau autour, la chair, tout ça, mais ça me paraissait si proche par cet os. Je ne sais pas comment dire. (L’angoisse de la page blanche, c’est ça, après Süskind et les autres, c’est Mallarmé) Je me suis dit : "Je touche une fille". Elle a frémi, c'était presque drôle, tant ça paraissait exagéré et non spontané, genre : "Je frémis pour te montrer que je suis sensible à ton [ndlr : éventuel] charme".
Elle, j’ai même pas vu sa tête, à peine. Tes traits, désolé, tombés dans l’oubli, peut-être que tu rumines encore ces quelques secondes, mais ton visage n’entre pas dans mes anales morphologiques. Au suivant, à la suivante, s’il vous plaît.


Marché seul ce matin. Marché, les pas. Pas avec mon cabas et mon fichu sur la tête, haha. Jolie confusion dominicale.
En rentrant, m’aperçois que j’ai pas vidé mon paquet de clopes, pour une fois. Clopes, ça fait tellement djeun. Plus que cigarette. Mais j’aime bien le mot, cigarette. Ouais, j’ai moins fumé, mais j’ai plus bu. D’où la tête qui s’échoue sur un os inconnu. Ha, j’ai buté sur un os, ha, haha, hahaHA. Envie de partir d’un rire énorme, grotesque, comme pour singer toute cette mascarade de séduction qu’on a parfois les uns envers les autres. Sais plus ce que je dis, mais m’aperçois de toute l’hypocrisie qu’on met en soi, lorsqu’on veut plaire à un autre. Il faut bien qu’il nous voie sous notre meilleur jour. Alors, on fait ci, on fait, je suis étudiant en truc et ma passion c’est ça, ah oui, tu aimes ça, oh moi aussi j’adore, hypocrite juste parce que l’autre nous attire. On ne s’en aperçoit pas, mais on ment toujours. Putain de mensonge.
Et en même temps, c’est comme ça qu’on sauve tant de choses. Imaginez que j’aie dit à ma prof de physique en seconde, amie de ma mère, lorsqu’elle me demandait si j’appréciais ses cours, que non, je ne comprenais rien, qu’elle était complètement anti-pédagogue avec sa tête de thon shooté à la morphine, que ses cours étaient un brouillard monstrueux, et que je n’avais qu’une envie, c’était me casser loin de sa force des cerfs-volants, de son essence de lavande et de ses ions à la con. J’aurais été classé traître familial par mes parents, honte à vie de ma mère, tête-à-tête dans le bureau de mon père, conneries. Déjà que le fait que j’aie fait L, puis philo, leur est resté en travers de la gorge. En fait, c'est déjà fait. Quoi, notre fils n’est pas ingénieur, comptable ou spécialiste en bio-chirurgie neuro-cellulaire ?

Pas comme mon frère de 23 ans, institué espoir de la famille à 12 ans, lorsqu’il a construit une reproduction miniature en maquette de la coupe d’un œuf, pour le cours de bio, sans que la prof lui aie demandé. Et tout le monde de s’extasier sur le blanc, le jaune, oh, on voit tout, qu’il est doué le petit garçon. Et moi, avec mes BDs et mes J’aime lire, je comprenais rien à son œuf et son cordon, ses strates cellulaires et son plasma nourricier. Peut-être pris le contre-pied, je sais pas.
Ni ma sœur, 18 ans, qui se prépare à une brillante carrière d’avocate. Ca, ça fait sérieux.

Le seul dont je me sente vraiment proche, c’est mon petit frère de 10 ans. Lorsque je vois ce gamin prendre ses feutres et dessiner de minuscules personnages auxquels il manque parfois un pied ou quelques doigts, et m’expliquer avec un sérieux monastique et un air enthousiaste que ça, c’est le super héros qui va sauver la terre, parce que l’autre, là, il est ‘machiarvellnique’, tout fier de connaître un nouveau mot de notre langue française, je me surprends à sourire comme un con.
S’il a de la chance, il finira comme moi, cas social dans notre belle famille de scientifiques.
Viens, p’tit, on se cassera tous les deux, et on ira se la jouer Rimbaud-attitude, ça sera drôle.
Faudrait déjà qu’il sache qui est Rimbaud.

Tiens, voilà un aspect de ma vie dévoilé. Je vois déjà le cliché énorme, l’apitoiement sur ce jeune philosophe en quête de mots et d’humanité, banni par sa famille fermée par des œillères braquées sur le monde rationnel. Il se bourre la gueule pour oublier, fume d’un air snob, et s’enivre du parfum des jeunes filles en fleur, tentant de se prendre pour Proust, histoire de rigoler. En plus, il fait du détournement d’esprit de mineurs, en tentant d’apprendre à son jeune frère l’essence même de la beauté de la littérature. Il aime se foutre de la gueule des gens et les imiter pour en prendre le contre-pied, se laisse parfois piéger par ce qu’il n’est pas au point de le devenir à son tour, tout en hurlant qu’il est un déphasé de la société. Manque plus que le drapeau rouge des anarchistes, et le tour est joué, mon vieux. Il erre comme une âme silencieuse sur les quais de la Seine, parce que ça fait plus Parisien, et a une bande de potes mecs, histoire de faire un peu viril.
Voilà : Dezk, le déphasé venu d’autre part, l’homme qui ne se connaissait pas lui-même.
Haha. Quelle misère.
Dire qu’on peut vraiment le penser, en plus. C'est pas vrai, j'aime mes frères et soeurs. En intermittence. Comme le courant alternatif. A mi-temps. Je m'emmerde moi-même, là, à écrire ça.


Oh, ta gueule.

Après tout, j’ai bien le droit de parler de moi-même.
Alors, je retire.

On s’en fout.

Je ne suis pas retourné sur le pont. Pleuvait. Absurde, donc.
Sais pas ce que je veux. Peut-être est-elle une fonceuse de la vie. Ca m’effraie sans doute. Non. Je ne crois pas.
Copie à revoir, hein ?

Ecrit par Dezk, à 14:33 dans la rubrique "Actualités".

Commentaires :

  Buleuse
Buleuse
03-07-05
à 22:11

Déphasé de la vie. Oh que moi aussi. Et cette solitude. La seule qui mente jamais hein ? Mais qu'est ce qu'elle peut broyer le coeur.

  Dezk
Dezk
05-07-05
à 12:08

Re:

Très juste : "la seule qui ne mente jamais". C'est vrai. C'est peut-être pour ça que j'y tiens tant. La seule chose, c'est de ne pas trop s'y enfoncer, pour ne pas commencer à se mentir à soi-même...
C'est ça ; je ne trouve pas toujours que les rails sont parfaits pour mes roues.



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