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Et quand même, il y a cette putain de souffrance, tout doux, tout doux. Parce que cette fille me pète les veines à force me désaimer quand ça lui chante, parce qu'elle joue à volonté avec l'interrupteur et que j'aurais dû m'en douter, il y a cinq mois.
Je ne me relis pas, je ne relis jamais ce que j'écris, n'oublions pas que je suis un pseudo-intellectuel prétentieux ; mais je me rappelle que j'avais dit d'elle que c'était une fille qui double tout le monde dans la queue, ce qui rend les filles hors d'elles-mêmes, mais avec un si joli sourire que les garçons ne peuvent que la regarder.
Putain, Lisa, Lisa. Où es-tu, là, maintenant, tout de suite ?
Mon frère est venu me voir, l'autre jour, dans mon appart (je ne rajoute pas « pourri d'étudiant fauché », cela va de soi), et elle était là. C'en était presque drôle, de les voir se jeter des coups d'œil, comme ça, de loin en loin. Comme dans les Corps Impatients, que j'ai vu hier, sur arte. (en plus, il regarde Arte, si c'est pas beau, ça) Sauf que je n'ai pas envie de les voir baiser ensemble, si à trois, moi compris. Haha. Quel cynisme.
Alors, entre deux de ses escapades vers un ailleurs que je ne connais pas, sur lequel elle ne met jamais de nom, je m'arrache les yeux pour ne pas voir mon portable, posé sur ma table. Et je m'aperçois comme un con que je ne sais plus marcher seul. Presque. Dire que je croyais m'être sauvegardé une part de moi-même, comme dans ces jeux vidéos pour crétins monomaniaques (si vous ne savez pas ce que ça veut dire, ouvrez votre dictionnaire), bouton Pause, allez, je sauve, on peut continuer jusqu'à la prochaine borne. Là, non, j'ai dû me tromper de manette, la dernière sauvegarde remonte à trop loin, et lorsque je me retourne, la rails pour revenir en arrière s'arrêtent lorsque je veux les emprunter.
Allez, vas-y, pousse vers le Harlequin, crie-le, petit, que tu ne sais plus ce que ça fait de vivre vraiment sans elle, gueule un bon coup, qu'on en finisse, dis-le, tu en crèves de savoir qu'elle n'est pas là et qu'elle reviendra quand elle veut,
et surtout, tu en crèves, de réaliser que tu ne sais même plus faire, que tu ne connais même plus les gestes pour te détacher tant qu'il encore temps, parce que justement, là, il n'est plus temps, tu te brises en chute libre, t'as perdu tes fausses ailes en carton, les fils se cassent la gueule un à un, c'est fini mon vieux, t'es pieds et poings liés, tu le sais trop bien.
Tout juste si l'auto-dérision subsiste, ça pourrait être drôle dans un mélo-rrible, mais là, c'est la vie bien réelle, bétonnée en plein dans la face, tellement palpable que ça en fait mal.
Parce que quand elle là, qu'elle arrive avec son air insolent, et me prend contre elle, me fait tomber sur le lit en riant un peu, avec ses mèches folles autour des yeux, et qu'après, elle se love contre moi, c'est comme si j'avais oublié ma force. Ha. Ma force. On dirait Matamore dans l'Illusion Comique de Corneille, ou, pour ceux qui n'ont pas ces références -à croire que je vous prendrais vraiment pour des cons-, on dirait Hercule roulant des muscles. Ma force.
J'oublie que je la haïssais presque un instant plus tôt.
Ca devient drôle, ouais, parce qu'à la fac, Seb m'a dit qu'il avait entendu trois filles parler de moi, entre deux TDs. A leurs yeux, je suis un « beau mec ténébreux et mystérieux », qui a l'air « vachement intéressant » (dixit une de ces trois Grâces, haha), mais « qui m'intimide trop pour que j'aille lui parler… ». Voilà où mènent les méandres amoureux, à une sublimation involontaire aux yeux des autres : bête de foire, en apparence aigle déchu marqué du sceau de l'originalité parce que, paradoxalement, elle éprouve, comme la cent millionième personne sur Terre, la même douleur presque risible de l'être abandonné qui se sent incapable de surmonter ça. Et là, il faudrait que je crie, pour renforcer le sentiment d'injustice (genre je suis un rebelle) : « mais je n'ai jamais demandé ça ! Remballez vos admirations et désirs à la con ! » Voilà qui parachèverait le tableau grandiose et pré-funèbre du phénomène « si attirant » que je suis en passe de devenir.
Je vois Nico, Jean-Sé et Seb tout à l'heure. C'est dingue comme on change en quelques mois. Seb a quitté sa Parisienne pour une autre, qui s'est déclarée lesbienne après leur première galoche ; elle était jolie, cette fille, et je crois qu'elle l'a été encore plus lorsque après avoir embrassé Seb, elle lui a dit : « Au fait, je suis gay » en souriant. Toujours est-il qu'elle a essayé de l'embarquer dans un truc à trois, ça lui a pas plu, et il s'en est trouvée une autre.
Nico, pour une fois, calme plat. Enfin, la même fille depuis deux mois, ha, clame plat.
Jean-Sé se marre avec toutes les nanas qui lui tournent autour, il profite, que des brillantes dans sa prépa commerciale, « pour une fois qu'on peut parler avant d'embrasser », il me dit, et ça le fait marrer.
Mon petit frère découvre le dessin, le vrai dessin ; c'est dingue, ce gamin a un don, j'en suis quasiment sûr, maintenant. Il a reproduit ma main l'autre jour, bien sûr, avec des maladresses, mais d'une façon impressionnante. Autant mes parents se demandent s'ils ne vont pas le mettre en pension pour ses notes « déshonorantes » (sic) en matières scientifiques -s'ils font ça, je casse tout, ce gosse est déjà assez paumé comme ça, ils vont pas l'arracher à sa bande de potes, à son quartier, ses racines, les repères qu'il prend peu à peu-, autant le prof de dessin lui met 20 à chaque fois, et le prof de lettres -oui, mon frère a un an d'avance- le félicite pour sa « qualité rédactionnelle ». Du coup, mes parents ne savent plus sur quel pied danser, ils ne veulent pas d'un petit Van Gogh dans la maison, et en même temps, « il écrit si bien »… Faudrait savoir.
A tout juste 11 ans, il a une bouille de mini-mon frère (au diable les formulations), avec ses cheveux châtains et ses yeux bleus, et un esprit de mini-Dezk. Je ne sais pas si dois me sentir flatté. Mais j'ai envie de tout faire pour qu'il devienne ce qu'il a envie d'être. Pas de « droit chemin » et d'HEC s'il ne veut pas, et pas non plus de Penninghen ou Beaux Arts à tout prix pour « faire éclore le talent naissant ». Je sortirai peut-être mes griffes, mais je veux que ce bonhomme réussisse ce qu'il entreprend, je veux qu'il trace son propre chemin, celui qui l'anime, là, tout au fond. S'ils essayent de le thermoformer à leurs manières, j'irai les voir, c'est une des seules raisons fondamentales pour lesquelles je suis capable de tirer un trait sur le domaine parental. Parce que même si je ne m'entends pas avec eux, avec leurs manières guindées et leurs aspirations sociales, je garde le « minimum vital relationnel ». « MVR », on dira.
Lorsque je vais le chercher au collège, parfois, le mercredi, et qu'il marche vers moi avec un air tellement heureux, se retenant de courir, je peux pas m'empêcher de sentir comme si j'avais un troisième poumon qui m'était ajouté, une façon de mieux respirer, et un putain de sourire.
Je le prends près de moi, il dit au revoir à ses potes, et leur dit, les yeux tout fiers : « C'est mon frère », ils me regardent tous, des petits sourires impressionnés ou de défi sur leur visage, et puis on part tous les deux, et il est tellement fier, ce gosse.
On marche, il me raconte les idées qui germent dans sa ptite tête, toutes ces choses qui poussent dans l'esprit d'un gamin d'à peine 11 ans. Et je l'emmène au musée Grévin, dans les petites rues de Montmartre, à Barbès dans la foule bigarrée, sur les ponts de Paris, il veut boire du café comme un homme, et c'est ça, la vraie vie, c'est ça, mon vieux petit gosse, plus que le musée de la Marine et au Panthéon les grands hommes, plus que tes cours de biochimie qui te font dormir debout, parce que c'est ça qui te fait sourire comme moi quand j'étais aussi petit que toi, et quand je te vois, je suis tellement fier, moi aussi.
Rien que d'en parler, là, ça me rend déjà plus fort. C'est mon bouclier contre la mesquinerie, ce gamin, avec toute sa fraîcheur qui donne l'impression que je veux tirer les larmes quand j'en parle, mais je m'en fous, parfois je perds mon cynisme et ça fait pas de mal.
Juste ce bonhomme d'1m30, à côté de moi, et les couleurs dans ses mots, et son sourire de The Kid.
Commentaires :
MangakaDine |
Tu vois, tu aurais dû te relire... |
Dezk 10-02-06
à 09:58 |
Re:A croire que les esprits de quelques jouebbeurs (que c'est artificiel, ce terme, "jouebbeur") sont reliés par des ondes particulières. (j'ai presque envie de mettre, pour me marrer et parodier un peu : "Ouah, c'est troooop cool, on est jumeaux d'esprit, ouah c'est dingue)
Je trouve aussi certaines choses dans certains écrits qui tu produis, quelques fois. Comme si j'avais pensé et que cela avait été écrit, mais pas par moi. Etrange de se lire chez quelqu'un d'autre. Pour ce qui est de Feu, je ne la lis pas assez souvent pour l'avoir constaté, quoique, si, parfois. Mais je n'ai pas le courage de lire trop de blogs à la fois, mon côté égocentrique, sans doute. |
17h17 08-02-06
à 20:28 |
Putain. Là je me rends compte comme ça m'avait manqué! |
Dezk 10-02-06
à 10:00 |
Re: Et, modeste, il rougit, baisse la tête et dit : "merci".
Quoi? Faut pas rêver non plus, alors je répondrai, la tête haute : "Oui, je sais". |
Endlich 11-02-06
à 22:36 |
Ah ouais, hein, c'est quand même chouette de te relire, moi j'osais plus tellement espérer o_o
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Anonyme 25-02-06
à 00:31 |
Re:Salut Feu, pourquoi arretes tu ton joueb si cest pour continuer ici?
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MangakaDine 25-02-06
à 13:27 |
Re: Re:Pourquoi rester Anonyme? Ah, et je tiens malgré tout à préciser, sait-on jamais, ce n'est pas moi, l'anonyme au dessus. |
Louisette 26-02-06
à 12:40 |
Re: Re: Re:Ce n'est pas moi non plus. Donc... |
elevator-beat 26-02-06
à 23:29 |
Ce que j'en dis, c'est que ce soit elle ou non, est ce que le plaisir que l'on prend a lire Desk, et la qualite des textes seraient differentes? Je ne pense pas. Il y a des discours inutils |
MangakaDine 26-09-06
à 01:27 |
Ca ressemble à Lui, ça ressemble à moi. Ca aurait pu être pensé par Lui + moi. Comme si c'était la vraie vie. Et pourtant, c'est loin, c'était il y un an, ce blog. Néanmoins, indémodable, ces mots. Je les lis avec toujours autant de précision et de fragilité. Et ça fait encore effet, ta prose, même un an plus tard. Mais pour combien de temps encore? |
Dezk 28-09-06
à 18:04 |
Re:Tu sais, Dine, je suis parfois là. Je passe, de temps en temps. Je respire un peu le parfum d'un endroit à l'adandon, comme un vieux carton qu'on a posé dans un coin, 'en attendant'. Et j'attends. Retrouver l'envie d'écrire. Il s'est passé des choses, douloureuses, qui ôtent parfois le désir de mettre un peu de son 'soi' sur la toile. |
MangakaDine 28-09-06
à 23:06 |
Re: Re:Et moi je regarde encore ce carton, me demandant toujours quand est-ce qu'on va finalement se décider à le déballer. Doit y avoir des jolis trésors à l'intérieur... Tu sais, j'aime l'aventure. Pas les aventures. |
Vanille 05-01-07
à 21:44 |
J'attéris ici pour la première fois. Et je regrette d'arriver si tard. Non sans blague. A te lire j'ai eu des frissons. Cette émotion qui ne vient pas toujours, tu sais. Dans ma tête y avait toi et ce petit garçon de 11 ans qui racontait ses rêves un peu, c'est. Sans adjectif tellement.
Alors je garderai le lien et reviendrai de temps en temps, espérant que toi aussi tu seras là, peut-être. |
MangakaDine 04-02-07
à 16:45 |
Ptain tu fais chier quand même...
Tu veux pas qu'on s'abaisse à se mettre à genou pour te faire revenir? Puis on fera tous ensemble une chaine de genoux en chantant Heal the world Make it a better place For you and for me And the entire human race Non mais, faut pas charrier non plus... ;) |
MangakaDine 16-04-07
à 01:46 |
Re:Bon, bah puisque les genoux ça marche pas, tu veux que j'y mette le ventre aussi?
|
à 18:27